Informations bibliographiques et actualités de la Maçonnerie anglo-saxonne

2011

(Thierry Boudignon)

The Square, march 2011

Quelques thèmes issus de la revue :

1. La Franc-maçonnerie et les femmes.

Ce sujet revient souvent dans les pages de The Square. Les n°s de mars, septembre et décembre 2009 avaient abordé la question de la Maçonnerie mixte (Maria Deraismes est souvent citée) et les n°s de septembre et décembre 2010 celle de la Maçonnerie féminine à travers The Order Of Women Freemason. Le n° de mars 2011 continue dans cette voie en évoquant la personne et l’œuvre d’Annie Besant (1847-1933) qui a joué un rôle très important dans le développement de la Co-Freemasonry. Ce qui est intéressant c’est la manière dont les anglais abordent ces thèmes. En France lorsqu’on parle de la femme et de la franc-maçonnerie cela tourne vite au débat passionné (faut-il admettre les femmes en Maçonnerie ? Y a t il une initiation spécifiquement féminine ? La mixité, etc…). Dans la revue The Square, rien de tout cela. La question de savoir si la GLUA va initier des femmes ne vient à l’idée de personne. On aborde ces questions sous l’angle de l’histoire et on étudie ces ordres pour ce qu’ils sont ou ce qu’ils veulent être. Par exemple l’article consacré à Annie Besant est intitulé « Un système particulier de morale ». On remarquera que c’est précisément la définition que la Maçonnerie anglaise donne d’elle-même. Autrement dit les organisations mixtes ou féminines sont considérées comme maçonniques. Elles ne sont pas reconnues par la GLUA mais leur « régularité initiatique » -si ces mots ont un sens- est parfaitement admise. D’ailleurs, ces organismes, dans leur organisation et leur pratique, se sont bien souvent calqués sur la GLUA au point même d’envisager une reconnaissance, par cette dernière, dans les années 1930.

2. Le déclin de la Franc-Maçonnerie.

Si ce thème semble revenir moins souvent dans les colonnes de la revue qu’auparavant il reste présent. Les deux préoccupations majeures semblent être les jeunes et l’argent (décembre 2007 –jeunes et retraités- et décembre 2008 les jeunes et la FM, mars 2009 le coût de la FM). Est-il réel ? Comment l’interpréter ? Comment l’enrayer ?

Rappelons quelques chiffres relativement aux effectifs de la GLUA :

  • 1939 (Freemasonry Today, printemps 2006) : 275 000
  • 1965 (Freemasonry Today, printemps 2006) : 600 000
  • 1974 (Leicester lodge of research en 1994) : 550 000
  • 1985 (Stephen Knight in The unlocked secret) :770 000
  • 1994 (Leicester lodge of research) : 250 000
  • 1997 (Le Monde) : 350 000
  • 2003 (The Square) : 320 000
  • 2006 (Freemasonry Today, printemps 2006) : 300 000
  • 2007 (Géopolitique) : 262 773
  • 2010 (Historia et site de la GLUA) : 280 000

Il faut rapporter ces chiffres par rapport à la population globale et étudier la composition sociologique. Rappelons enfin que la seule GLUA sur le déclin représente encore près de 300 000 frères alors que toute la Maçonnerie Française en plein essor représente la moitié moins.

3. Les relations internationales.

Reconnaissance et régularité sont des thèmes qui reviennent régulièrement dans la revue: la question de la pluralité des loges dans un même pays (juin 2006 et Septembre 2007), la régularité (mars 2008). Dans ce n° c’est John Acaster dans un article intitulé «Connaître ses voisins ou son environnement (maçonnique)», à l’occasion d’une exposition sur la FM à travers le monde cette année au musée maçonnique de Manchester.

L’article commence de manière anodine. Se référant à Darwin, John Acaster constate l’évolution de FM, contrairement à ceux qui penseraient qu’elle est stable, traditionnelle et régulière depuis l’éternité. Et il raconte combien, lorsqu’il était âgé de 7 ou 8 ans il avait été frappé par une collection de pièces de monnaie (retenons ce dernier point) et comment ces pièces racontaient à leur manière, par leur symbolisme, un moment d’histoire du pays qui les avait émises et l’évolution de ce pays.

Enfin revenant à la Maçonnerie il en vient à constater l’existence de 2 sortes de Maçonnerie :

  • une maçonnerie centrée sur elle-même, conviviale où il fait bon à se retrouver entre frères comme il sied à Londres et qui est unanimement reconnue ;
  • une maçonnerie tournée vers le monde, impliquée dans l’évolution de la société y compris dans les Révolutions (USA, France).

John Acaster plaide pour que ces maçonneries, toutes deux légitimement fières d’elles-mêmes, apprennent à se connaître, à connaître leurs valeurs et à savoir pourquoi et comment elles ont évolué.

Bref, à partir de ses considérations d’ordre général, il en vient à illustrer son propos par un exemple, et cet exemple, c’est la GLNF : combien de maçons anglais se demande-t-il savent dans quelles circonstances la GLUA a reconnu ce qui s’appellera la GLNF ? Très peu répond-il. Que savent-ils de la règle en 12 points qui définit la « régularité » francophone, cette règle qui permettrait de juger de l’évolution de la GLNF ?

Et John Acaster en arrive à sa conclusion: reprenant l’exemple des pièces de monnaie qu’il avait cité au début de son article, il dit que de même que le rapport à l’argent peut définir symboliquement l’évolution d’un pays ou d’une société, de même le rapport à l’argent pourrait être étudié au sein de la GLNF.

Et voici la flèche du Parthe : Quelle place y donne-t-on à l’argent ? Et quelle place donne-t-on à la probité à l’honnêteté, une des valeurs morales maçonniques évoquées dans la règle en 12 points ?

Discussion :

Rappelons que John Acaster est un proche du marquis de Northampton. Il y a quelques années, il avait donné une conférence en Ecosse sur la notion de régularité et, étudiant la Charte de la Maçonnerie Traditionnelle Libre, il posait la question suivante : si la GLUA reconnaissait plusieurs obédiences par pays, ne pourrait-elle reconnaître la LNF ?