Craft et Arch dans la Maçonnerie anglaise du 18e siècle

Bernard Dat. 2010

Il y a 2 manières de voir le fameux article 2 de l’Union de 1813 : comme le point de départ de cette doctrine qui veut que la Maçonnerie soit composée de 3 grades et 3 seulement ou bien comme le résultat d’une évolution tout au long du XVIIIe siècle. Etudions donc les relations complexes entre les 3 grades du Métier et l’Arc Royal et l’installation ésotérique du Maître de Loge et/ou les relations entre la Grande Loge dite des « Modernes » et celle dite des « Anciens ».

En ce qui concerne l’Arc Royal qui est présenté comme une spécificité des « Anciens » (cf. Ahiman Rezon ou les Constitutions des Anciens, 1756, version française par Georges Lamoine), il fut pratiqué par les « Modernes » dès les années 1750. C’est même chez les « Modernes » qu’on en trouve la première attestation. Une différence tient au fait que les « Anciens » l’intégrait dans le cursus maçonnique normal alors que les « Modernes » ont institué une structure propre : un chapitre dont la 1ère attestation connue est de 1766. Le Grand Maître de la Grande Loge des « Modernes », Lord Blaney, et le Grand Secrétaire James Heseltine en faisait partie. Les discussions aboutissant à l’Union de 1813 ne portaient donc pas sur l’importance de ce grade mais sur sa position dans la structure d’une Grande Loge.

A cela, s’ajoute la question de l’installation ésotérique du Maître de Loge. Là aussi, il semble que ce soit une spécificité des « Anciens » et d’origine irlandaise. Est-à-dire que les « Modernes » l’ignoraient ? Dès les Constitutions de 1723, on note une manière d’installer une nouvelle loge ; dans les années 1720 voici le grade de Maître qui est le 1er des hauts grades avec sa légende aux conséquences incalculables. Le mot est-il perdu ? L’installation ésotérique apparaît dans Les trois Coups Distincts (1760), une divulgation des usages de « Anciens » mais aussi dès 1762 dans Jachin and Boaz, une divulgation des usages des « Modernes ».

Il y a là toute une réflexion sur le 3ème grade et sa légende.

Discussion :

  • les deux développements de la légende d’Hiram :
    • 1er courant celui où le mot est momentanément perdu ou du moins la possibilité de le prononcer en entier puisqu’il faut être 3 et
    • 2ème courant, celui où le mot n’a jamais été perdu et qui donnera naissance à quantité de hauts grades : la vengeance d’Hiram, les funérailles d’Hiram, etc.
  • Finalement le système anglais, issu du 1er courant, a réussi a constitué une certaine cohérence, résumé dans les cinq mots : J, B, M-B, G et J. Le mot n’est pas perdu, il faut seulement remplacer Hiram. Pour cela, il faut un maître qualifié, un excellent maçon (l’installation ésotérique) et l’on pourra de nouveau prononcer le mot (Arc Royal).
  • A paraître : Roger Dachez Essai sur les origines du grade de Maître.