INFORMATIONS BIBLIOGRAPHIQUES ET ACTUALITÉS DE LA MAÇONNERIE ANGLAISE

2004

Symbolism in Craft Freemasonry, réédition d’articles de Colin Dyer

L’auteur s’efforce de rechercher les origines des symboles utilisés par la franc-maçonnerie et les raisons pour lesquelles celle-ci les a adoptés.

Recherches sur le réseau « Internet »

On constate que plusieurs églises se positionnent volontiers contre la franc-maçonnerie ainsi qu’en témoignent de nombreux sites antimaçonniques. Dans ces sites, la franc-maçonnerie est diabolisée en affirmant que son principal objectif est de remplacer la ou les religions. C’est le cas par exemple en Australie où l’église anglicane estime que c’est à cause de la franc-maçonnerie que les fidèles se détournent d’elle. Elle prétend que les chrétiens maçons sont soit des naïfs qui ne comprennent pas la vraie finalité de la franc-maçonnerie, soit des maçons conscients de leurs méfaits qui tentent de l’infiltrer. Aux Etats Unis, une de ces églises soutient le président actuel, George W. Bush.

Colloque "Freemasonry and Religion : Many Faiths - One Brotherhood"

Cette année, le Canonbury Masonic Research Centre s’intéresse aux relations entre les églises et la franc-maçonnerie en organisant un colloque les 6 et 7 novembre 2004 sur le thème «Freemasonry and Religion : Many Faiths - One Brotherhood» (Franc-maçonnerie et religion : plusieurs croyances - une fraternité). Dans l’appel à contributions, on rappelle que la franc-maçonnerie n’est ni une religion ni un substitut de religion mais un système de morale qui a un caractère religieux. C’est ainsi que les relations entre la franc-maçonnerie et la plupart des religions du monde sont « compliquées ». Certaines maçonneries ont des liens très étroits avec une religion particulière, d’autres accueillent des frères de différentes croyances, et d’autres encore sont sécularisées. De même, certains groupes religieux ont des liens avec la franc-maçonnerie tandis que d’autres y sont franchement hostiles. Le colloque a pour but d’explorer les idées et les institutions impliquées dans ces relations complexes. Les thèmes choisis sont les suivants : interaction entre la franc-maçonnerie et les religions organisées ; les attitudes des religions envers la franc-maçonnerie, y compris les attaques anti-maçonniques ; l’implication de responsables religieux dans la franc-maçonnerie ; les relations entre le système de morale maçonnique et le code éthique des principales religions ; la spiritualité de la franc-maçonnerie ; l’influence des cérémonies religieuses sur les rituels maçonniques ; la franc-maçonnerie dans la littérature religieuse ; impact des relations entre la franc-maçonnerie et la religion sur la société.

Site de la Loge Goodwill

Un site conçu par la loge Goodwill (rite anglais style Emulation) n° 17 de la LNF offre plus d’une centaine de «textes et rituels numérisés concernant Emulation et la filière anglo-saxonne». Son adresse électronique est : http://emulationlnf.site.voila.fr.

Pour recevoir ces textes (sous format Word), il faut écrire à l’adresse électronique suivante : conservatoire@emulationlnf.zzn.com, en précisant vos nom, prénom, loge et obédience et en justifiant sa demande. La loge « Goodwill » a par ailleurs édité sur CD-rom un « Manuel de l’apprenti ». Les « Manuel du Compagnon » et « Manuel du Maître » sont en préparation.

D’autres services sont également disponibles à cette adresse électronique : « http://emulationlnf.zzn.com ». Enfin, la loge édite un bulletin intérieur « La Lettre de Goodwill ».

Margaret C. Jacob, Les Lumières au quotidien – Franc-maçonnerie et politique au siècle des Lumières, Ed. A L’Orient.

Cet ouvrage, publié en anglais en 1991 sous le titre Living the enlightenment : Freemasonry and politics in eighteenth century Europe, sera bientôt disponible en français grâce à la traduction de Henri Medioni. Il est préfacé par Roger Dachez, président de l’Institut Maçonnique de France. Ce livre nous propose une autre vision des Lumières : pas celle, rebattue, selon laquelle la franc-maçonnerie aurait été une des causes majeures de la Révolution française, mais bien plutôt celle des Lumières au quotidien, pour reprendre le titre de l’ouvrage, c'est-à-dire d’une sociabilité nouvelle, vécue quotidiennement par les couches les plus diverses de la société. En étudiant la franc-maçonnerie, Margaret Jacob montre d’abord que l’esprit de la première franc-maçonnerie anglaise et celui de la maçonnerie française dont elle est issue sont très proches. Ensuite, elle met en évidence le caractère très européen de l’esprit maçonnique et la notion de cosmopolitisme. Enfin, elle souligne combien la franc-maçonnerie, qui ne vit pas en vase clos, fut imprégnée de la société de son temps.

Un autre ouvrage de Margaret C. Jacob, The Radical Enlightenment vient d’être réédité en anglais et une traduction française est également prévue sous le titre La pensée radicale au siècle des Lumières. Panthéistes, francs-maçons et républicains.

Cécile Révauger, Noirs et Francs-maçons, Edimaf, 2003

Prix « essai-spiritualité » du 1er salon du livre maçonnique (octobre 2003), ex-aequo avec le Livre des Outils de Gibet (Ed. A l’Orient), ce livre présente l’histoire des francs-maçons noirs américains.

L’antimaçonnisme encore et toujours

a) L’Eglise d’Angleterre.

Après des propos assez virulents de l’Archevêque de Canterbury contre la Grande Loge Unie d’Angleterre, beaucoup de francs-maçons anglais ont protesté et ont rappelé au prélat que son propre père était maçon. Ces évènements sont l’occasion de souligner le fait que l’anti-maçonnisme chrétien n’est pas une spécificité catholique. Le protestantisme aussi sait se montrer anti-maçon et notamment par le biais de nombreux mouvements charismatiques. Ces groupes qui revendiquent le monopole de la vérité tendent peu ou prou au monopole de la croyance et considèrent la franc-maçonnerie comme une pseudo-religion chargée de tous les pêchés du monde, et surtout celui de la tolérance.

b) Une autre forme d’anti-maçonnisme s’exprime dans la chanson et la musique.

La BBC a récemment diffusé une chanson aux relents anti-maçonniques et, après la protestation d’auditeurs, s’en est excusée.

Aux Etats-Unis, les relations entre les musiciens et la franc-maçonnerie ont évolué au cours du XXe siècle. Dans les années 1910-1920, nombre de Blues Men furent francs-maçons, la franc-maçonnerie leur offrant une meilleure chance d’intégration et de dialogue. Cette tendance est perceptible jusque dans les années 1960 : Duke Ellington, Louis Armstrong, entre autres, étaient francs-maçons. Dans les années 1980, si certains rappeurs noirs, fortement inspirés par le Blues, sont encore francs-maçons, ils furent bientôt marginalisés dans des loges qui les recevaient avec réticence. Aujourd’hui, bien que des rappeurs se déclarent francs-maçons d’autres, au contraire, ne se gênent pas pour reprendre les thèmes anti-maçonniques les plus éculés.

c) Au cinéma.

From Hell est un film dans le genre « épouvante-horreur » qui reprend l’histoire de Jack l’Eventreur avec des clichés antimaçonniques bien connus.

The Square n° de mars 2004

P. 18 “Degrees in Hurry” (Les grades au pas de course) par Jon Roberts.

Des lecteurs s’inquiètent de ce qui se passe dans certaines Grandes Loges américaines, à savoir la réception de nombreux candidats aux 3 grades bleus ou du « Métier » en une seule journée et en groupe. Pour ces lecteurs, ces Grandes Loges ne cherchent, en procédant ainsi, qu’à renflouer leur caisse. Jon Roberts se montre plus nuancé. Il remarque d’abord que ces Grandes Loges sont souveraines et sont bien libres d’agir comme elles l’entendent. Et puis, ajoute-t-il, n’est ce pas pour elles une simple question de survie ? Et la Franc-maçonnerie n’évolue-t-elle pas ? Ne doit-elle pas s’adapter à son époque comme elle l’a toujours fait ? Les francs-maçons anglais eux-mêmes ne délivraient-ils pas les grades plus rapidement au XVIIIe siècle qu’aujourd’hui ? Et encore, ne déroge-t-on pas aux règles pour recevoir certaines personnalités importantes ? Aussi, avant de critiquer les maçons américains, écrit Jon Roberts, les maçons anglais seraient bien inspirés de s’examiner eux-mêmes. Que ce soit les problèmes de l’inversion des mots aux deux premiers grades, le rattachement de l’Arc Royal au 3e grade, la rédaction de nouveaux rituels synchrétiques après l’Union de 1813, la franc-maçonnerie anglaise a pris de singulières libertés avec la tradition maçonnique ! Est-elle bien en mesure alors de donner des leçons ? Pour autant, John Robert ne se veut pas un opposant à la Grande Loge Unie d’Angleterre. Celle-ci, comme toutes les autres Grands Loges, est libre. Encore faut-il qu’elle se montre tolérante envers les obédiences qui ne pratiquent pas la maçonnerie comme elle.

Ce débat est caractéristique de cette revue qui ne manque pas une occasion d’exprimer, respectueusement certes, sa différence avec la GLUA. Faut-il y voir une sorte d’irritation face à ce qui est jugé comme une incapacité de cette dernière à évoluer ? La revue ne cherche pourtant pas à provoquer une révolution. La GLUA vit et pratique la maçonnerie à sa manière et c’est très bien comme cela estime-t-on mais peut-elle continuer à condamner les maçonneries qui ne pensent pas comme elle ? Peut-elle continuer à ignorer cette valeur fondatrice de la Maçonnerie qu’est la tolérance ? Voilà bien le problème posé : la GLUA peut-elle continuer indéfiniment cette politique autiste qui consiste à se considérer comme la seule détentrice de la vraie maçonnerie ?

The Square n° de juin 2004

Après la publication de l’unique photographie représentant la célèbre taverne « L’Oie et le Grill » où fut créé la franc-maçonnerie obédientielle, voici maintenant un dessin (p. 14) représentant la salle où s’est tenue la réunion mythique du 24 juin 1717 (v. st.). Il a été réalisé par J. Robertson en 1886, un peu avant la destruction du bâtiment. On envisage maintenant de poser une plaque à cet emplacement, lieu de naissance de la Grande Loge de Londres, devenue Grande Loge d’Angleterre, devenue Grande Loge Unie d’Angleterre, mère de toutes les maçonnerie du monde.