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L’histoire de l’Ecosse au XVIIe siècle est mouvementée et s’inscrit dans un passé turbulent. [Dès le XIVe siècle, avec Robert Bruce, l’Ecosse avait opposé une vive résistance aux tentatives annexionnistes de l’Angleterre. A partir du XVIe siècle, les évènements prirent une dimension religieuse. En effet, après que John Knox eût largement répandu les idées calvinistes, la reine d’Ecosse Marie Stuart (+ 1587) essaya de restaurer le catholicisme. L’affrontement qui en résulta avec la nouvelle église presbytérienne fut terrible. Même si Jacques VI, fils de Marie Stuart, réussit à rétablir l’épiscopat (catholique) et devint, en 1603, roi d’Angleterre, sous le nom de Jacques Ier, les deux pays restaient néanmoins séparés et les prétentions absolutistes du roi ainsi que ses projets d’union intégrale entre l’Angleterre et l’Ecosse échouèrent. Son fils Charles Ier (roi de 1625 à 1649) fut encore plus impopulaire que lui. En 1638-9, les presbytériens se soulevèrent (Covenant) et une guerre civile éclata. Elle aboutit à l’exécution de Charles Ier en 1649 et à l’établissement de la dictature de Cromwell de 1653 à 1658. Si, à la mort de ce dernier, les Stuart furent restaurés en la personne de Charles II (roi de 1660 à 1685), la lutte entre catholiques et presbytériens continua. Jacques II (roi de 1685 à 1688), ayant voulu une dernière fois imposer le catholicisme, fut détrôné par son gendre Guillaume d’Orange (roi de 1689 à 1701).]
Au milieu du XVIIe siècle donc, l’Ecosse regroupe environ 1 million d’habitants. Le pays est tenu par quelques centaines de chefs de clan, des seigneurs locaux.
Sur le plan religieux, l’Ecosse est principalement divisée entre catholiques, anglicans et presbytériens.
Sur le plan maçonnique, il existe une vingtaine de loges au début du siècle. Les loges regroupent des maçons opératifs et spéculatifs. Le parcours du maçon est le suivant. Il entre généralement vers l’âge de 12 ans. Il est « obligé » puis devient « obligé inscrit ». Ensuite il est « apprenti entré » (on dirait aujourd’hui initié) et il reçoit une marque. Enfin, il peut devenir « fellow craft or Master », compagnon ou maître. Le maître commande le « senior warden » (premier surveillant) et le « junior warden » (deuxième surveillant). Pour être maître, il y a plusieurs moyens : être fils de maître, épouser une fille de maître, ou bien recevoir ce titre des mains des échevins. Ce qui montre le patronage des bourgeois sur les loges.
Pour qu’une loge soit « parfaite », elle doit regrouper 4 ou 5 maîtres et 4 ou 5 apprentis, mais dans une loge d’Aberdeen, il faut 6 maîtres et 2 compagnons pour « faire » un compagnon. Lors de la réception d’un maître, tout le monde est présent quelque soit son grade. La loge est organisée de la façon suivante : les apprentis sont d’un côté et les compagnons de l’autre mais on ne sait pas grand chose d’autre. Portaient-ils un tablier, des gants ? Y-avait-il des agapes ?
Voici ces Masonic Don’t ou « Inconvenances maçonniques ».
Voici un livre passionnant pour plusieurs raisons : On y retrouve la convivialité, les croyances et l’atmosphère des Etats-Unis de cette époque. C’est aussi un almanach dans lequel il y a une histoire de la franc-maçonnerie aussi belle que celle d’Anderson... avec des affirmations d’une naïveté merveilleuse. Enfin, on y apprend que l’on chantait beaucoup dans les réunions maçonniques, chansons moralisantes et évocatrices de la vie de ces pionniers américains.
En voici une sélection :
1ère version :
Toi qui jettes un défi à la discorde
L’harmonie seule règne ici (bis)
Allons, chantons pour celui qui nous a élevé
Depuis les chemins raboteux où nous nous égarions
Pour la lumière que nous révérons
Glorieuse science !
Salut mystérieuse, glorieuse science
Toi qui jettes un défi à la discorde
L’harmonie seule règne ici ! (bis)
2e version :
Buvons à la santé de toutes les bonnes filles
Buvons joyeusement, remplissez votre verre
Une bonne rasade à plein bord
Qu’elles vivent une vie de plaisir
Sans mélange, sans mesure,
Car avec elles, on trouve les véritables joies.
A toutes les bonnes filles, une grande rasade !
Buvons à la santé de toutes les bonnes filles
Buvons joyeusement, remplissez votre verre.
Une bonne rasade, à plein bord !
Cette histoire extraordinaire se situe au carrefour de plusieurs événements :
Francesco « Xavier » Geminiani
Violoniste exceptionnel né à Lucques (Italie) vers 1667, Geminiani a d’abord été l’élève de son père, puis de Corelli et enfin de Scarlatti à Rome. Il sera un des premiers musiciens à s’installer à Londres à partir de 1712 où il vivra presque constamment à l’exception d’un séjour à Paris, de 1749 à 1755. Il est protégé par le comte d’Essex qui sera aussi son élève. Il joue à la Cour de Georges Ier et obtint un grand succès. Mais, amateur de peinture, sa passion immodérée l’enverra plusieurs fois en prison pour dettes. En 1754, il compose son chef d’œuvre La Forêt Enchantée dans lequel on peut trouver un certain nombre d’allusion ésotérique. Il meurt à Dublin en 1762.
La Philomusicae et Architecturae Societas Apollini
La Queen’s Head Lodge se réunissait un jeudi sur deux près de Temple bar. Selon Harry Carr, elle regroupait probablement 14 membres, triés sur le volet. En 1724, 7 frères de la Loge, dont Geminiani, et un frère de la Horn Lodge fondent la Philomusicae et Architecturae Societas Apollini. C’est une société qui s’insère dans le grand mouvement musical qui traverse l’Europe. A Londres, on trouve les concerts de Thomas Brittain et la Société Philharmonique. A Paris, la première grande société des concerts spirituels est fondée en 1725. A partir de cette époque, les musiciens commencent à devenir un peu plus indépendants par rapports à leurs mécènes et cela va transformer profondément l’histoire de la musique et des formes musicales. Or il se trouve que ce sont des francs-maçons, d’abord individuellement puis collectivement, qui vont se trouver au centre de cette transformation. Par exemple, plus tard dans le siècle, le Concert des Amateurs sera repris par la loge « Olympique de la Parfaite Estime » sous le nom de concerts de la loge Olympique dont les musiciens sont maçons.
Dans la déclaration d’intention de la Philomusicae et Architecturae Societas Apollini, écrite dans une très belle calligraphie, on lit que la musique et l’architecture sont les produits heureux de la géométrie. Ce sont des sœurs jumelles et inséparables qui contribuent à créer l’harmonie. Cette « société mutuelle de vrais amateurs » veut être une société heureuse et noble. Elle est régie par des règles très précises. Les 8 frères fondateurs élisent 13 directeurs qui vont gérer la société. Un président est élu pour 3 mois et des officiers sont désignés : les Censores et les Wardens, le F:. Geminiani étant « dictator ad vitam ». Il faut noter que ces frères ont le goût de l’héraldique. Chaque directeur a son blason gravé sur une médaille de la société.
Du 18 février 1724 au 23 mars 1727, période d’existence de la société, on dénombre 39 membres et 47 visiteurs dont Charles Delafaye, Esquire, l’auteur du chant des Compagnons publié dans les Constitutions de 1723.
Pour être membre de la société, il fallait être franc-maçon. Mais on initiait ceux qui ne l’étaient pas. Dans une lettre du 20 mai 1725, le Grand Maître, le duc de Richmond, rappelle cependant que la société n’est pas une loge et qu’elle n’a, par conséquent, pas le droit de faire des Maçons. La société ne répondit pas à cette lettre malgré la visite du Premier Grand Surveillant de la G:. L:. de Londres. Ainsi il semble bien qu’à l’intérieur de la société, les frères tenaient loge quand ils avaient besoin d’initier un futur membre. Pour autant, peut-on parler de loge « sauvage » ? Pas vraiment, car ce même Grand Maître vint en personne assister à l’initiation de Charles Cotton le 22 décembre 1724 ! Faut-il alors penser que cette société appliquait des règles en usage avant 1717 ?
L’apparition du grade de Maître
A la page 77 du livre des procès verbaux de la société on peut lire :
« Le 12 mai 1725, nos Biens Aimés Frères et directeurs de cette très vénérable société dont les noms sont ci-dessous :
Frère Charles Cotton, esq.
Frère Papillon Ball
sont régulièrement passés Maîtres
Frère F X Geminiani
a été régulièrement passé compagnon et Maître
Frère James Murray
a été régulièrement passé compagnon
Témoins : William Gulston, pres.
Coort Knevit
William Jones, Censores. »
Nous avons ici la première allusion officielle au grade de Maître. Cette société faisait non seulement des Maçons mais aussi des Compagnons et des Maîtres.
Un texte paru dans une revue maçonnique américaine « La G :. L :. Unie des Anciens Francs Maçons d’Angleterre en présence du duc de Sussex, G :. M :. des Modernes et du duc de Kent, G :. M :. des Ancients » nous permet d’aborder les questions suivantes :
Pourquoi la loge de réconciliation. Antécédents et nécessité
La naissance de la F :. M :. dite «spéculative » est habituellement fixée au 24 juin 1717 avec la création de la G :. L :. de Londres. La maçonnerie anglaise s’est alors développée pendant la première moitié du XVIIIe siècle. Or en 1751 apparaît une nouvelle GL dite des francs-maçons anciens et acceptés. Quelles sont les raisons de cette création ?
Il faut aussi tenir compte des faits suivants :
Celui lance en effet 11 accusations contre ce qu’il appelle « les Modernes » :
Il faut encore ajouter à cela que les Ancients pratiquaient le Royal Arch, comme deuxième partie de la maîtrise.
A propos de toutes ces accusations, il importe cependant de faire le tri entre la vérité et la mauvaise foi de Dermott. Ce sera l’affaire d’une nouvelle science, indirectement née de cette querelle entre les Ancients et les Modernes, la « science latomologique », dont William Preston fut le premier illustrateur.
Les acteurs de la réconciliation des Ancients et des Modernes
Auguste Frédéric duc de Sussex (1773-1843)
Le premier G :. M :. de la G :. L :. U :. A :. fut initié dans une loge de Berlin le 20 décembre 1798, passé le 19 janvier 1799 et élevé le 4 février. Le 6 mars 1799, il est reçu Parfait Scott Master puis Maître élu de « La Nouvelle Jérusalem » le 10 mars. A Londres, il fera partie de 4 LL :. :
Le 6 février 1805, il est Past Grand Master de la G :. L :. des Modernes.
L’homme est beau, son caractère est facile et décontracté quoique strict sur l’étiquette. Il aime être populaire. Grand fumeur de pipe et de cigare, c’est aussi un collectionneur de livre et de manuscrit. Défenseur des catholiques et des juifs, c’est dire que c’est un libéral, ouvert à toutes les dissidences, volontiers qualifié de « philo sémite ». S’il est très religieux, il reste détaché des dogmes des différentes religions.
Edouard duc de Kent
Le G :. M :. des Ancients lors de la réconciliation de 1813 est le quatrième fils de George III. Homme parfois pathétique qui a beaucoup souffert d’être délaissé par son père, il apparaît aussi très antipathique, sorte de brute sinistre, très marqué par son éducation « à la prussienne », à Hanovre et en Suisse. Ce prince, « pied noir » avant la lettre qui avait vécu à Gibraltar, à la Martinique, au Canada, à la Jamaïque, ne connaissait pratiquement rien de la société anglaise, et ne rentrera en Angleterre que pour les 7 dernières années de sa vie. Sa carrière maçonnique reste mal connue.
L’opinion publique anglaise et la France pendant les années 1793-1815
La réconciliation entre les Ancients et les Modernes qui s’opère entre 1809 et 1813 se produit dans une bien curieuse période, à un moment où la situation de l’Angleterre et de l’Europe est extrêmement préoccupante. Quel fut l’état d’esprit de l’opinion publique anglaise pendant cette époque trouble qui commence en 1789 ? On peut distinguer 3 périodes :
Ce sont deux ouvrages de S. Knight qui sont étudiés ici : Jack The Ripper et The Brotherhood. Bien que du même auteur, ces deux livres sont marqués par une grande différence de style.
1. Jack the Ripper
Jacques l’éventreur est un personnage qui fascine les anglais depuis 1888. Il y a plusieurs raisons à cela :
Plusieurs hypothèses sur l’identité du criminel ont été émises et Stephen Knight n’est pas en reste. Selon lui, les 5 crimes peuvent s’expliquer de la façon suivante. Le duc de Clarence rencontre une jeune femme et l’épouse secrètement. Ils ont un enfant, ce qui peut être cause d’un grand scandale. Pour l’empêcher, le duc décide d’éliminer toutes les personnes qui pourraient connaître ce secret mais, curieusement, sans toucher à la mère et à sa fille. La méthode pour assassiner les victimes est toujours la même. Pour réaliser son plan, le duc fait appel à 3 assassins francs-maçons dont le cocher du médecin de la reine (celui-ci, sir William Gull, est haut dignitaire de la F :. M :.) et le peintre Walter Sickertt qui épousera la fille du duc de Clarence.
Comme Stephen Knight ne fait pas dans la dentelle, il attribuera aussi un autre crime aux francs-maçons, celui de l’assassinat de Mozart, thèse déjà soutenue par les nazis.
2. The Brotherhood
C’est une charge dirigée contre l’ « establishment » dont on cherchera en vain la moindre preuve aux assertions avancées. La thèse de Stephen Knight peut se résumer lapidairement ainsi : il y a un véritable complot ourdi par la franc-maçonnerie. Ce complot se définit par cette équation : SS = KGB = FM. Et de citer l’exemple de la loge P 2. Toutefois, devant l’énormité de cette accusation, l’auteur la relativise en présentant les francs-maçons comme un peu bêtes et totalement manipulés. Se rendent-ils même compte que l’Arc Royal est placé sous le signe du Diable ?
Ces livres participent à ce grand mouvement actuel de déstabilisation d’un pays, l’Angleterre, qui représente tout de même encore le maintien d’un certain nombre de traditions.
Ce chansonnier a paru dans les Constitutions de 1723. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, c’était une habitude fréquente aux XVIIe et XVIIIe siècle que de faire figurer des chansons dans des livres, y compris des livres extrêmement sérieux. C’était une époque où beaucoup, parmi ceux qui savaient lire, savaient également lire la musique. Par ailleurs, ce n’est pas seulement la F :. M :. qui chante à ce moment-là mais c’est toute une société. Pour un anglais, un français, un italien, il est difficilement concevable de s’assembler sans chanter. Et le XVIIIe siècle est un siècle qui chante.
Le fait divers qui déclencha l’affaire Crucefix est une histoire banale. Le docteur Crucefix, personnage connu et important, P :. M :. d’une loge ancienne et respectée, la loge de la « Banque d’Angleterre », également membre de la loge des Grands Stewards, propose de fonder une œuvre de charité pour les personnes âgées. A cette époque, deux organismes avaient un objectif semblable (de charité) mais en faveur des orphelins des francs-maçons, l’un pour les garçons et l’autre pour les filles. Crucefix propose donc de créer une maison de retraite pour les vieux maçons. Cette idée n’enchante guère le G :. M :. de la G :. L :. U :. A :. qui préfère un système de pensions à une maison.
Cependant, le 13 novembre 1839, cette proposition est discutée lors d’une réunion spéciale du comité de charité, présidée par le docteur Crucefix. Deux orateurs prennent la parole et tiennent des propos peu aimables pour le G :. M :., le duc de Sussex. Mais surtout, ces divergences vont provoquer une des plus tumultueuses affaires qui ont secoué et ébranlé la G :. L :. U :. A :.
En effet, à la suite de cette réunion, les deux orateurs, Wood et Stevens, et Crucefix lui-même, sont suspendus par le Board of General Purposes de toutes activités maçonniques pour une durée allant de 3 à 6 mois, et encore Crucefix n’échappe-t-il à l’exclusion qu’en présentant des excuses complètes devant le Bureau.
L’émotion qui s’ensuit est très forte et un certain nombre de FF :. qui n’ont pas accepté ces sanctions décident, les 6 mois écoulés, d’offrir un dîner à Crucefix pour lui témoigner leur affection. C’est le député Grand Maître Provincial du Lincolnshire, le docteur Oliver, un ami de Crucefix, qui préside ce dîner.
Or le docteur Oliver est un personnage tout à fait à part dans la maçonnerie anglaise. C’est un écrivain maçonnique qui jouit d’une grande renommée.
Quelques jours plus tard, le G :. M :. Provincial du Lincolnshire, Charles Dencourt, membre du Parlement, ex écuyer de S. A. R. le duc de Sussex, suspend le docteur Oliver.
Cette décision provoque un tollé. Charles Dencourt fait l’objet d’attaques et on va même jusqu'à traiter les membres du Board of General Purposes de « bandits en robe de pourpre ».
Toujours est-il que pendant 5 années, de 1840-1845, la F :. M :. anglaise va être secouée par cette affaire. Il y aura ceux qui seront pour ou contre Crucefix et Oliver. La mort du duc de Sussex en 1843 contribuera à apaiser la situation, peu à peu le calme reviendra et tout rentrera dans l’ordre.
Mais pourquoi en était-on arrivé là ?
Au delà du fait divers (Crucefix et Oliver ne sont pas connus pour avoir des caractères faciles et Sussex est plutôt autocratique), des raisons de fond peuvent apparaître.
Le docteur Crucefix publie une revue Quaterly Freemason Review qui n’a pas l’heur de plaire à certains, lui reprochant de violer le secret maçonnique.
De son côté, Oliver est, par ses publications, une « lumière » de la F :. M :.
Tout ceci n’est pas du goût du duc de Sussex qui entend contenir la vie maçonnique anglaise dans des limites très strictes, celle des 3 grades. N’oublions pas qu’il a mis sous le boisseau la loge des Grands Stewards, la Marque et même l’Arc Royal.
A l’opposé, Crucefix et Oliver sont très intéressés par l’écossisme avec ses 33 grades, par les Knights Templars et autres Side Degrees. Ils essayent de propager ces systèmes en Angleterre, à l’instar des Etats-Unis, mais se heurtent constamment à l’opposition de la G :. L :. U :. A :.
Dès lors, on comprend que le duc de Sussex ait profité de cet incident pour tenter de marginaliser des frères et des rites contraires à sa politique maçonnique.
Ce long article reprend la thèse classique défendue par le Docteur Oliver selon laquelle la franc-maçonnerie des origines est d’essence chrétienne et que, par suite d’une évolution due à un détachement d’un certain nombre de ses valeurs, elle s’est peu à peu déchristianisée pour verser, au XVIIIe siècle, dans le déisme.
Barker Cryer ne lésine pas sur les moyens pour défendre cette thèse. Du XIVe siècle à nos jours, il cherche dans les textes et rituels des références chrétiennes. Et certes, il y en a beaucoup. Mais le mieux est quelque fois l’ennemi du bien et, à trop vouloir démontrer, on peut finir par décevoir son lecteur.
Ainsi on peut formuler 3 critiques principales à l’égard du travail de Barker Cryer:
En réalité, la F :. M :. anglaise est dès son apparition en parfaite osmose avec la société de son temps. Or au début du XVIIIe siècle, en Angleterre, il s’agit d’être tolérant. La F :. M :. sera donc tolérante.
Cet ordre est surtout connu pour sa commémoration annuelle de la victoire de Guillaume III d’Orange, protestant, sur Jacques II, catholique, à la bataille de la Boyne en Irlande le 12 juillet 1690. Il s’est constitué à la manière d’une organisation maçonnique.
1. Son histoire
Les relations conflictuelles entre la couronne britannique et l’Irlande, ou entre protestants et catholiques, sont séculaires. Après la bataille de la Boyne, l’Irlande connût un calme relatif au XVIIIe siècle. Cependant, profitant des difficultés de l’Angleterre causées par la révolution française, il y eût des tentatives de révolte irlandaise à la fin du siècle. Ainsi, en septembre 1795, une grande rixe opposa catholiques et protestants lors de la bataille dite du « diamond ». C’est alors qu’un certain James Wilson de Dyon mobilisa les FF de sa loge à Coledon près de Tyrone (Irlande du Nord) pour défendre les protestants contre les catholiques. Ils constituèrent une association, The Orange boys, de fait une milice protestante, qui deviendra l’Ordre d’Orange. En 1797, une partie des Orange boys s’organise sous la forme d’une Grande Loge de l’Ulster. Puis apparaissent deux ordres intérieurs : les Purple Men et les Black Men. En 1798, un nouveau soulèvement oppose protestants et catholiques. Mais la situation est très complexe. D’une part, la hiérarchie catholique reste loyale vis-à-vis de la couronne britannique, d’autre part, la hiérarchie protestante ne soutient guère l’Ordre d’Orange qu’elle juge beaucoup trop agité. Pour les mêmes raisons, la franc-maçonnerie s’en écartera progressivement. Mais l’Ordre d’Orange n’en pâtit point et continue à se développer par le biais des loges militaires. En 1823 cependant, en vertu d’une loi de 1799 sur les sociétés, loi qui ne s’appliquait pas à la franc-maçonnerie, l’ordre d’Orange est dissous. Il se reconstitue aussitôt. Il est dissous de nouveau en 1825 pour se reconstituer une nouvelle fois en 1828 et, aujourd’hui, l’ordre d’Orange est bien vivant, puissant et actif.
2. Son organisation
Le Royal Orange Institution of Ireland a son siège 65 Dublin road à Belfast. En 1972, il rassemblait 100 000 membres répartis en 2000 loges. A quoi il faut ajouter des loges féminines et des loges de juniors (8 à 17 ans). Pour en faire partie, il faut « être né de parents protestants » et « être élevé en protestant ». Le vote d’admission est secret, et il faut obtenir plus de 6/7e des voix. Le recrutement se fait plutôt parmi les employés et les professions libérales. Certaines loges sont d’un niveau social plus élevé. Les motifs d’exclusion sont au nombre de 4 :
Pour tenir loge, il faut être au moins 5. La tenue commence par une prière et un hymne. La cérémonie de réception est centrée sur le serment. Y-a-t-il des « épreuves » ? Selon les sources officielles, non, mais en réalité il y en a dans certains grades. Les officiers de la loge sont : le Superior Senior Officer qui préside, le Deputy master, le tuileur, le chapelain et le Steward qui doit maintenir l’ordre. Les grades sont nombreux et connaissent des variantes selon les pays : Royal Black, Royal Scarlet, Royal Mark, Royal White, Royal Green, Royal Gold, Star and Garter, Link and Chain, Red Cross, etc. Il existe des hauts grades : les loges pourpres, l’arc pourpre et le chapitre noir. Ce dernier est, réglementairement, en dehors de l’ordre mais pour y entrer, il faut être membre de l’ordre d’Orange. Dans ces chapitres noirs on trouve les symboles suivants : les 12 apôtres dont l’un est noirci, le buisson ardent, une main rouge, l’étoile de David, une représentation du Temple de Salomon, une colombe avec un rameau d’olivier, un arc-en-ciel, un sablier, le compas et l’équerre, un cœur percé d’une flèche. Le plus extraordinaire, c’est que cet ordre a réussi a essaimé hors d’Irlande ! C’est ainsi qu’il existe dans l’Est canadien une Grande Loge, 11 loges provinciales avec plusieurs milliers de membres, 3000 membres aux Etats-Unis avec 54 loges masculines, 58 loges féminines et 12 chapitres noirs, et aussi en Nouvelle-Zélande, etc. Deux grands courants le traverse : un courant agressif et sectaire dont la principale activité est la préparation du défilé annuel du 12 juillet, grand rassemblement orangiste qui donne encore lieu à de violents affrontements, et un autre à vocation charitable.
Bien que structuré comme la franc-maçonnerie, l’Ordre d’Orange est cependant tout son contraire puisqu’il n’y est question que de politique et de religion.
Les documents relatifs à l’entrée de Joseph Haydn en maçonnerie ne manquent pas. En voici 5 :
On notera que le parrain de Haydn en maçonnerie a été désigné et que Mozart n’assista pas à son initiation.
Si Mozart et Haydn furent amis, ils n’en étaient pas moins très différents comme le montre ce parallèle :
Mozart
Haydn
La carrière maçonnique de Joseph Haydn est pleine de mystères. En effet, après son initiation on ne trouve plus aucune trace de son activité. Il est vrai que la loge «La Vraie Concorde» devenue «La Vérité» est rapidement dissoute et la Franc-maçonnerie sera interdite quelques années plus tard. Cependant, il est probable que le prince Nicolas Esterhazy (1765-1833), protecteur éclairé des arts, tenait loge dans le château où Joseph Haydn était maître de chapelle.
Par ailleurs on peut trouver quelques indices d’activité maçonnique de Joseph Haydn. Ce sont les suivants :