INFORMATIONS BIBLIOGRAPHIQUES ET ACTUALITÉS DE LA MAÇONNERIE ANGLAISE

2001

Le maçon démasqué de Thomas Wolson (éditions SNES)

Cette divulgation, parue à Londres en français en 1751, rééditée en plusieurs langues de nombreuses fois jusqu’au début du XIXe siècle, est aujourd’hui présentée et commentée par Georges Lamoine. Elle avait été partiellement traduite en anglais par Harry Carr dans The Early French Exposures (1971) et avait également fait l’objet d’un commentaire d’Alain Berheim dans les Ars Quatuor Coronatorum. Ce dernier, en étudiant les divulgations françaises de 1744 à 1751, remarquait que jusqu’à cette date, les maçonneries qui se pratiquaient en Angleterre et en France étaient substantiellement identiques. Cependant, à propos de cette divulgation – la seule parue entre 1730 et 1760 en Angleterre – on pourra se demander de quelles loges elle montre les usages ? Des loges de Londres, des loges françaises de Londres, des loges continentales, des loges néerlandaises comme le laisserait croire une expression idiomatique comme “ voûte ferrée ” (p. 13) au lieu de “ voûte d’acier ” ?

Signalons, à l’occasion de la publication de ce texte, le travail des éditions de la Grande Loge Provinciale d’Occitanie de la Grande Loge Nationale Française. Cette GL Provinciale, dont un des principaux responsables est Jean Pierre Lassalle, publie aussi une revue Les Cahiers de la Grande Loge Provinciale d’Occitanie d’une excellente tenue. C’est cette équipe, et plus précisément Gilles Pasquier, qui avait traduit Les Trois Coups Distincts (paru dans Villard de Honnecourt) disponible, jusqu’à un passé récent, sur le site Web de la GLNF.

Freemasonry Today

A l’instar de The Square qui, en mars 1997, avait changé de titre et de sous-titre, Freemasonry Today, qui se présentait jusqu’au printemps 2000 comme The Magazine for everyone interested in Freemasonry, est devenu depuis l’été 2000 The Independent Voice of Freemasonry. Cette volonté “ d’indépendance ” vis-à-vis de la Grande Loge Unie d’Angleterre n’est pourtant pas nouvelle puisqu’elle était affichée dès le 1er numéro de l’été 1997. Il semblait bien pourtant que cette revue apparaissait comme la voie officieuse de la GLUA. Alors voix officieuse ou voix indépendante ? Peut-être les deux tant il y a là une sorte de double statut ou double langage de ces revues. En effet, d’une part, elles expriment des débats profonds et des points de vues très différents voire opposés à ceux de la GLUA, et d’autre part, on a le sentiment que la GLUA se sert de ces revues pour lancer des idées sans s’engager elle-même, et ce afin de tester d’éventuelles réactions.

La tradition anglo-saxonne en France

Jusqu’à présent, on trouvait des loges de tradition anglo-saxonne en France à la GLNF, à la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra, à la LNF et au sein de la fédération française “ Le Droit Humain ” (qui pratique ce rite très largement dans sa dimension internationale). Citons aussi, pour mémoire, la loge Anglo-saxonne de la Grande Loge de France, fondée en 1908, très proche du style Emulation, et la loge “ L’Echelle de Jacob n° 27 ” (Ordre de la Franc-Maçonnerie Mixte ancienne et acceptée) fondée en 1970.

Aujourd’hui, la Grande Loge Féminine de France a un projet de création d’une loge travaillant au rite anglais style Emulation, la Loge Stabilité, qui devrait voir le jour d’ici deux ans.

De même, comme l’a annoncé son Grand Maître lors du dernier convent, le Grand Orient de France a décidé de réveiller en son sein, la maçonnerie de tradition anglo-saxonne. Il s’avère en effet, qu’au début du XIXe siècle, le GODF avait reçu cette tradition qu’il avait pratiquée sous le nom de “ rite d’York ” en français (y compris les grades de la Marque et de l’Arc Royal). Cette transmission avait été effectuée par des Frères qui avaient connu la maçonnerie anglo-saxonne selon le système des “ Anciens ” en Amérique et dans les Antilles anglaises. Ce sont eux qui, revenus en France, fondèrent le Suprême Conseil de France du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Le GODF est donc fondé à réveiller ce rite, et c’est ainsi qu’il va créer une loge d’études et de recherches James Anderson qui travaillera au “ rite d’York ” et qui sera présidée par le GM en personne. Ce projet devrait voir le jour rapidement bien que cette implantation nouvelle du rite anglais ne soit pas sans poser quelques problèmes. En effet, ce rite apparaît toujours à de nombreux frères et soeurs français comme trop déiste ou dogmatique. Curieusement, l’implantation de loges de rite rectifié ou de Memphis-Misraim pose moins de problèmes...

Des maçons opératifs aux francs-maçons spéculatifs, les origines de l’Ordre maçonnique par Roger Dachez, aux Editions Maçonniques de France

Dans cet opuscule de 124 pages, à l’image de la célèbre collection des Presses Universitaires de France “ Que Sais-je ? ”, l’auteur dresse le bilan des vingt dernières années de recherches sur les origines de la maçonnerie spéculative. Il passe ainsi en revue la théorie de la transition : une Vulgate de l’histoire maçonnique, formulée par Harry Carr, puis la critique radicale de cette théorie par Eric Ward, les nombreuses théories alternatives, les travaux de David Stevenson sur la maçonnerie écossaise au XVIIe siècle et propose, pour finir, une magistrale théorie synthétique.

The Square (juin 2001)

Dans un article intitulé One-Day Masons (pp. 10-11) John Belton évoque ces maçons américains qui reçoivent les trois grades bleus en une seule journée. Cette pratique, qui est une lointaine conséquence de l’affaire Morgan (1826), pourrait apparaître comme une solution au lancinant problème du recrutement que se pose sans cesse la Grande Loge Unie d’Angleterre. D’autant qu’il ne semble pas que ces maçons “ d’un jour ” soient moins assidus que les autres...

Ce numéro aborde aussi la question des femmes et de la franc-maçonnerie, illustrée en page de couverture et par deux articles. La revue annonce la création d’une nouvelle Grande Loge (A New Grand Lodge, pp. 16-17), à laquelle elle était présente le 18 février 2001. Cette nouvelle organisation “ for Men and Women ”, que les Anglais appellent Co-Masonry, “ maintient la croyance en Dieu pour ces cérémonies ” et se distingue donc de la Co-Masonry sous influence française. C’est une bonne chose, selon la revue, car le climat maçonnique en France est “ trouble ” comme en témoignent encore les problèmes de la Grande Loge Nationale Française (pourtant reconnue par la GLUA) signalés p. 40 sous le titre French Fractures.

L’Histoire (juillet-août 2001)

Le numéro 256 de cette revue est consacré aux francs-maçons. Parmi de nombreux articles qui concernent surtout la maçonnerie française, on trouvera la contribution de Roger Dachez, Les véritables origines d’une “ société secrète ”, pp. 8-14.

Trois siècles de Franc-Maçonnerie en Charente-Maritime (catalogue de l’exposition de La Rochelle, mars-septembre 2001)

La Rochelle est, on le sait, le lieu de naissance de Jean-Théophile Désaguliers, un des pères fondateurs de la franc-maçonnerie. Il était donc normal qu’on l’évoque dans cette exposition. C’est ainsi que sont présentés deux portraits et surtout son acte de baptême du 17 mars 1683 (pp. 21-22).

Comme nous l’annoncions dans le Compte-rendu William Preston du 1er trimestre 2001, la loge d’études et de recherches James Anderson allumera ses feux le 30 juin 2001 sous les auspices du Grand Orient de France. Rappelons que cette loge consacrera ses travaux à la maçonnerie de tradition anglo-saxonne.

The Square (décembre 2001)

* Les maçons anglais s’interrogent encore sur leur pratique maçonnique. Ils s’inquiètent du désintérêt des frères vis-à-vis de ce qui se fait en loge. Pat Streams, John Belton, Michael Holgate et des correspondants reviennent sur diverses questions : “ Doit-on étudier et apprendre le rituel ? ” (pp. 42-43) Des Frères en effet se plaignent de se retrouver dans une ambiance scolaire. “ Nos rituels sont-ils meilleurs ou plus justes que les autres ? ” (p. 23). Les avis sont partagés. Ne devrait-on pas les regarder avec un esprit critique ? “ A quoi peuvent servir les minutes de la dernière réunion ” (pp. 25-27). N’est-ce pas une perte de temps ? Il est vrai que ces “ comptes rendus ” sont stéréotypés (cérémonies, installations ou lectures des instructions) et sont souvent la reprise de la convocation. Cette lecture apparaît fastidieuse (l’article est illustré d’un dessin représentant les frères en train de dormir pendant que le secrétaire officie) et même les historiens ne pourront rien en tirer puisque la vie de la loge n’y est pas retracée. Bref, la réflexion sur le devenir de la maçonnerie anglaise continue même si la revue rappelle incidemment (p. 46) que la Grande Loge Unie d’Angleterre regroupe toujours quelques 350 000 membres...

* La franc-maçonnerie régulière en Russie (p. 44).

Dans un petit article malicieusement intitulé “Russian Revolution”, on apprend qu’une scission vient de frapper la maçonnerie russe et que la branche régulière s’enorgueillit d’être en conformité avec la Loi de son pays (comme le préconise “le rituel” écrit la revue). Il est vrai que les premières loges régulières de Russie installées par la Grande Loge Nationale Française semblaient regrouper essentiellement des personnes issues du conglomérat militaro-industriel...

Les marges du Christianisme : sectes, dissidences et ésotérisme, Jean-Pierre Chantin, éditions Beauchesne, 2001

Voici un dictionnaire exhaustif et érudit qui porte sur les toutes les petites églises, les évêques errants ou détachés, les filiations apostoliques non officielles, autant de croisements possibles avec une franc-maçonnerie de marge, y compris en Angleterre. Par exemple, l’église catholique libérale de Leadbeater était l’église quasi officielle de la société théosophique mais aussi de la maçonnerie mixte anglaise issue du Droit Humain.