LES DRUIDES EN ANGLETERRE du XVIIIe au XXe SIECLE

Roger Dachez. 1999

Au cours du 18e siècle, on peut observer une rencontre entre des organisations qui prétendent détenir une filiation druidique et la maçonnerie, ainsi que l’atteste la double voire la triple appartenance de certains à la maçonnerie, aux « forresters » et aux druides.

C’est au début du 18e siècle qu’apparaît un néo-druidisme spéculatif. Le 21 septembre 1716, pour l’équinoxe, John Toland convoque tous les « bosquets druidiques » sur la colline de « Primerose hill ». Le 22 septembre 1717, une nouvelle réunion druidique a lieu à la taverne du pommier. Le « Druid Order » (Fraternité universelle des druides) rassemble des membres des villes d’York et d’Oxford, des Cornouailles, du pays de Galles, d’Ecosse et de Bretagne française. Les origines de cet ordre sont particulièrement obscures, vu l’absence de document. Si le bosquet druidique d’Oxford prétend remonter à 1245, on attend encore les preuves pour le confirmer... Le « Druid Order » se consacre surtout à la connaissance de la tradition celtique dans le domaine littéraire et culturel.

En 1781, apparaît un nouveau groupe druidique, l’« Ancient Order of Druids », à l’initiative d’un maître charpentier peut-être franc-maçon. Quelques années plus tard, un « Royal Archidruid » sera créé. Ce groupe connaîtra la même évolution que les « forresters » puisqu’il deviendra une « friendly society ».

En 1792, un dernier groupe apparaît sous l’impulsion d’un gallois, Williams. Ce groupe se consacre surtout à la défense du nationalisme celte.

Ainsi, on constate, qu’à l’aube du 18e siècle, à côté de la maçonnerie, apparaissent des organisations comme les « Forresters » ou les Druides.

Mais la maçonnerie seule prendra l’essor qu’on lui connaît et les causes profondes de son succès par rapport à d’autres organisations du même type sont et restent une source permanente de réflexion. En voici quelques-unes:

D’abord, la maçonnerie peut revendiquer légitimement une ancienneté réelle. Ensuite, elle a bénéficié de l’action d’hommes de grande valeur, comme Jean Théophile Désaguliers, qui ont beaucoup contribué à mettre en exergue les principes et l’exigence spirituelle de l’ordre. Enfin, l’intérêt que lui a porté la noblesse dès 1721 l’a inséré, et avec quel succès, au plus haut niveau de la société anglaise.