INFORMATIONS BIBLIOGRAPHIQUES ET ACTUALITÉS DE LA MAÇONNERIE ANGLAISE

1998

The Square, décembre 1997

Un article de John W. Mitchell, In My Opinion (p.212-213), aborde de nouveau les problèmes que rencontre la maçonnerie britannique : l’âge moyen d’entrée, qui est plutôt élevé et se situe autour de 45 ans, le manque de temps des frères qui sont peu disponibles, le fait qu’on leur donne peu de responsabilités, puisque les postes importants de la loge sont souvent tenus par des Passés Maîtres. A ce propos, Mitchell invite ces derniers à s’investir dans les grades qui sont « au-delà du Métier » (Beyond the Craft). Finalement, ces problèmes ne sont-ils pas tout simplement le signe d’un certain désintérêt des frères envers la Maçonnerie ? Et ceci n’est-il pas une constante de l’histoire de la Maçonnerie ? Si l’auteur de la divulgation des « Trois coups distincts » écrit à propos des Maçons de son temps (1760) qu’ils « étaient très curieux de savoir comment font les Maçons des autres pays », il ajoute cependant « que les trois-quarts des Francs-Maçons ne connaissent rien à la chose ».

Dans sa rubrique habituelle, Point of view (p.214-216), Pat Streams examine une question différente, celle de la « reconnaissance » maçonnique. Estimant que cette question défie d’ores et déjà « le sens logique », il constate qu’elle prend une nouvelle tournure à cause du réseau Internet qui permet aux frères d’entrer en contact sans passer par la Grande Loge à laquelle ils appartiennent. Citant le cas de la France, Pat Streams note que la Grande Loge Unie d’Angleterre ne reconnaissant que « la plus petite » des G.L. françaises, le risque est grand d’entrer en contact par mégarde avec un frère d’une G.L. « irrégulière » !

Le cahier central de la revue nous propose d’éloquentes photographies en couleurs représentant une procession de Knights Templar se rendant, en décors, à un service religieux. Au vu de ces documents, ce défilé semble se dérouler dans l’indifférence générale. En serait-il de même si une telle manifestation avait lieu dans notre pays ?

Dans un article intitulé A Window on the Antients (p.228-230), Leo Zanelli, directeur de la revue, reprend les propos tenus par Allan Trotter dans un numéro précédent qui proposait un curieux système de 11 grades, de l’Apprenti Entré à l’Arc Royal. Citant un manuscrit de 1820 d’un certain John Knight, il apparaîtrait que les « Antients », autour des années 1800, pouvaient pratiquer quelque 26 grades, d’Apprenti Entré au Rose Croix en passant par la Marque, la Croix Rouge de Constantin ou le Chevalier de Malte.

La rubrique « livres » nous présente (p.236-237) un ouvrage intitulé The Templar Revelation où l’on retrouve les vieux mythes de la franc-maçonnerie occulte, de Rennes-le-Château, des Templiers, des Cathares etc. Il faut remarquer que ce genre d’ouvrage intéresse aussi bien un certain public anglais que français. En témoigne un livre traduit de l’anglais qui vient de paraître chez Dervy La Clé d’Hiram, sous-titré « Les Pharaons, les francs-maçons et la découverte des manuscrits secrets de Jésus » et consacré aux origines de la franc-maçonnerie; les auteurs, Christopher Knight et Robert Lomas, sont tous deux franc-maçons. Il est évident ici que l’impératif commercial joue un grand rôle dans la publication de tels ouvrages. Ces livres, souvent d’une grande médiocrité, sont un exemple de ce que les érudits maçonniques anglais appellent l’histoire « non-authentique », qui situe la franc-maçonnerie dans la perspective d’une tradition faite de mystères combinant sans vergogne, enseignements, allégorie et symbolisme du Métier avec ceux de diverses traditions ésotériques, mystiques, symbolistes ou romantiques.

La franc-maçonnerie allemande

Après la seconde guerre mondiale, l’unité de la maçonnerie allemande se fit principalement en deux temps.

Le 19 juin 1949, un certain nombre de Grandes Loges se fédérèrent sous l’égide d’un organisme appelé « Grande Loge Unie des Francs-maçons d’Allemagne » (Vereinigte Grossloge der Freimaurer von Deutschland). Cette Grande Loge s’est ensuite appelée « Grande Loge Nationale des Francs-Maçons Anciens et Acceptés d’Allemagne » (Grosse Landesloge der Freimaurer von Deutschland) puis, aujourd’hui, « Grande Loge des Maçons Anciens, Libres et Acceptés d’Allemagne » (Grossloge der Alten Freien und Angenommenen Maurer von Deutschland ou A.F.A.M.).

Le 17 mai 1958, est fondé un « système national commun », appelé « Grandes Loges Unies d’Allemagne-Fraternité des Maçons Allemands ». Cet organisme regroupe aujourd’hui : 1. l’A.F.A.M. (qui est largement majoritaire) 2. la « Grande Loge Nationale des Francs-Maçons d’Allemagne » (Grosse Landesloge der Freimaurer von Deustchland, à ne pas confondre avec le précédent nom de l’A.F.A.M.) ou « Freimaurer Orden » ou F.O . 3. la Grande Loge « Aux Trois Globes » 4. les Loges américaines et canadiennes d’origine militaire 5. les Loges britanniques également d’origine militaire. Cet acte d’union fondamental, aboutissement des efforts de Théodor Vogel, fut solennisé par la signature d’une Magna Charta et permit le rapprochement diplomatique avec la G.L.U.A.

Malgré cela, les maçonneries anglaise et allemande sont fort différentes. Un de leurs rares points communs est la question dite « Française », c’est-à-dire l’abandon de l’invocation au Grand Architecte de l’Univers (en 1871 pour la Belgique, et en 1877 pour la France). Mais alors que les Anglais l’interprètent comme le rejet de toute référence à la divinité, les Allemands n’y voient qu’un simple (mais regrettable) renoncement à un acte traditionnel. Et pour ces derniers, cette notion de respect de la « Tradition » tient la même place que le « Volume de la Loi Sacrée » pour les britanniques. En cela, les Allemands seraient assez proches de la Grande Loge de France avec laquelle les Anglais avaient pourtant refusé, en leur temps, de nouer des relations. D’ailleurs, jusqu’au début des années 1960, les Allemands entretenaient des relations avec le Grand Orient de France et la Grande Loge de France. Si elles furent interrompues, des contacts ont repris il y a une dizaine d’années sous forme de jumelages entre loges. Par contre, les Allemands rompent avec toutes loges qui admettent des femmes. En schématisant à l’extrême, on pourrait dire que l’A.F.A.M. développe un discours plutôt « social », c’est-à-dire politisé, alors que les Freimaurer (F.O.) ont un discours plutôt « spiritualiste », mais il va sans dire que la réalité maçonnique allemande est beaucoup plus complexe.

Les mésaventures de la Grande Loge Unie d’Angleterre : revue de presse

Aux divers journaux cités infra, on peut ajouter Libération et La Croix.

Le Figaro du 20 février 1998

Le ministre de l’intérieur britannique, Jack Straw, veut en finir avec le secret qui règne, selon lui, dans les loges. Il considère que « l’appartenance de magistrats et de policiers à une société secrète telle que la franc-maçonnerie peut nourrir des suspicions légitimes sur leur impartialité ou leur objectivité dans l’exercice de leurs fonctions ».

De plus, cet article rappelle que le patron de Scotland Yard s’attaque au serment maçonnique puisqu’il avait déclaré, il y a 3 ans, que « la prestation de serment pouvait susciter des conflits d’intérêts avec l’exercice de la loi ».

Ainsi le gouvernement de Tony Blair envisage que « les nouvelles recrues de la magistrature et de la police devront obligatoirement mentionner leur appartenance [maçonnique] sur un registre accessible au public ». Quant aux fonctionnaires déjà en poste, la G.L.U.A. est invitée à publier la liste des juges, des policiers et des fonctionnaires de l’administration pénitentiaire qui figurent parmi ses membres.

* Le Monde du 22 février 1998.

Chris Mullin, député travailliste et président de la commission parlementaire pour les Affaires intérieures à la Chambre des Communes « a enjoint la franc-maçonnerie britannique de mettre fin à la confidentialité de ses adhérents sous peine de poursuite pour outrage au Parlement». Cette injonction s’appuie sur une recommandation de cette commission formulée en 1997. Mais, au cas où la G.L.U.A. n’obtempérerait pas, le Parlement pourrait légiférer.

Courrier International

Sous le titre « Les francs-maçons au pied du mur : se démasquer ou être dénoncés », cet hebdomadaire reprend deux articles parus dans la presse britannique.

The Guardian (tendance travailliste) met l’accent sur plusieurs points. Les serments maçonniques que prêtent les frères qui exercent la profession de policier les obligeraient à « une loyauté capable de dépasser celles qu’ils doivent à la loi ». De plus, « l’appartenance à la franc-maçonnerie serait devenue le meilleur moyen d’obtenir de l’avancement ». Parallèlement, dans le milieu judiciaire, c’est l’association des avocates qui s’inquiète d’ « une société secrète exclusivement réservée aux hommes ». On dénonce la possibilité de collusion entre policiers et magistrats francs-maçons. Par exemple, on cite une affaire dans laquelle 6 présumés terroristes irlandais avaient été emprisonnés pendant plusieurs années sur de faux témoignages de policiers maçons. The Guardian se félicite donc que le gouvernement travailliste reprenne les choses en main.

The Daily telegraph (tendance conservatrice), après avoir rappelé l’ « image écornée » dont souffre la franc-maçonnerie « à cause de son drôle de rituel et ses serments à vous glacer le sang », souligne que « cette société secrète (...) est (...) la cible d’accusations plus graves de corruption et de favoritisme », bien qu’ « aucune preuve ne vienne étayer ces allégations ». Rappelant que « la Grande Bretagne est un pays où prospèrent clubs, cercles et associations bénévoles », le journal affirme que « Hitler a interdit les maçons... nous ne devons pas les pourchasser ».

A travers ces quelques extraits de presse, il est patent que l’antimaçonnisme ne désarme pas en Angleterre. Le Grand Secrétaire de la G.L.U.A. a été convoqué au ministère de l’intérieur. On lui a demandé de révéler le nom des fonctionnaires maçons, ce qu’il a refusé de faire pour le moment. Mais le ministre ne s’en tient pas pour dit et l’affaire n’est pas terminée.

Rappelons quelques traits spécifiques à la Maçonnerie et à l’antimaçonnisme britannique.

  1. Jusqu'à un passé récent, la Maçonnerie britannique était complètement intégrée dans la société.
  2. Elle s’est développée à l’ombre du pouvoir et s’est identifiée à la monarchie et à l’église anglicane.
  3. L’antimaçonnisme britannique est plutôt issu des milieux de gauche alors que l’antimaçonnisme français vient plutôt des milieux d’extrême droite.

Si la maçonnerie peut souffrir de pouvoirs hostiles (l’histoire en a montré de nombreux exemples), l’exemple de la G.L.U.A nous montre qu’elle peut aussi souffrir, paradoxalement, d’être trop liée aux pouvoirs en place. La maçonnerie anglaise subit les contrecoups de la transformation de la société traditionnelle britannique, transformation qu’elle avait jusqu'à présent superbement ignorée. Elle subit également les contrecoups de la perte de prestige et d’influence de la monarchie et de l’église.

Les leçons de l’histoire nous enseignent donc qu’une certaine réserve vis-à-vis des pouvoirs politiques est plutôt bénéfique à la maçonnerie. La force des maçonneries continentales modernes est d’être indépendante des pouvoirs politiques et des grandes institutions comme les églises, les grands corps de l’état, etc.

Freemasonry today (hiver 1998)

Cette revue nous apprend que le grand secrétaire de la G.L.U.A., le Commander de la Royal Navy Michael Higham, cessera ses fonctions le 31 juillet 1998 (p. 4).

Le 21 octobre 1997, il y a eu la création d’une nouvelle loge composée exclusivement de policiers (n°9640). Cette loge qui se réunira deux fois l’an, veut être un lieu d’échanges et discussions. (p. 5)

Sur le plan international (p .6), la G.L.U.A. a reconnu la Grande Loge de Russie (140 membres) et la G.L. de Madagascar, deux créations de la G.L.N.F., mais aussi - et surtout - 4 G.G. L.L. de Prince Hall : Colorado (fondée en 1876), Etat de Washington (1903), Wisconsin (1925) et Oregon (1960). Ceci marque, de fait, l’abandon du principe dit de juridiction territoriale exclusive.

Ce principe, qui est à l’origine d’une situation inextricable dans laquelle s’est enfermée la G.L.U.A., puisqu’elle s’en sert pour déterminer la « régularité » maçonnique, n’est jamais qu’un système de relations internationales (et en aucun cas une définition de la maçonnerie) et n’est plus du tout adapté à l’évolution géopolitique de l’Europe et du Monde. En effet, dans la maçonnerie internationale, comme dans les autres secteurs de la société, les rapports de force se modifient et nul doute que les changements continueront.

Un autre article (pp. 12-15) nous fait découvrir les locaux de la Grande Loge de la Marque à Londres et donne la liste des organisation abritées dans ces lieux. En dehors de la Marque elle-même, il y a donc, le Royal Ark Mariner, le Secret Monitor, les Royal & Select Masters, les Allied Masonic Degrees, la Croix rouge de Constantin, les Masonic Orders of the Temple and of St John of Jerusalem.

Courrier reçu :

Les comptes-rendus des travaux de la R.L. d’étude et de recherche Louis-Claude de Saint-Martin, lettre Vav. On notera une étude sur le guide des Maçons Ecossais, présentation et datation (n°s de février et mars 1997).

Diffusion d’un texte de la Grande Loge Unie d’Angleterre sur Internet

La diffusion d’un texte de la Grande Loge Unie d’Angleterre sur Internet nous permet de revenir sur la notion de régularité. Selon la G.L.U.A., sont considérés comme « réguliers » les maçons initiés conformément aux Landmarks, c’est-à-dire avec les Trois Grandes Lumières, l’Equerre, le Compas et le Livre de la Loi Sacrée (ce qui implique que le serment est un véritable serment et non une simple promesse), et ce dans une loge composée exclusivement d’hommes où l’on n’aborde aucun sujet politique.

A contrario, sont considérés comme « irréguliers » tous les autres frères.

Cependant, dans la catégorie des « réguliers », la G.L.U.A. distinguent ceux avec lesquels elle est « in amity » ou en relation, de ceux avec lesquels elles n’entretient pas de relation.

Cette dernière distinction repose sur le principe dit de juridiction territoriale exclusive selon lequel la G.L.U.A. ne reconnaît qu’une seule obédience par pays. Autrement dit, un maçon peut être tout à fait «régulier» mais non reconnu s’il n’appartient pas à une obédience «in amity» avec la G.L.U.A.

Ce principe, apparemment simple, conduit, en réalité, à des situations inextricables. Par exemple, il existe aux Etats-Unis d’Amérique 2 GG.LL. par Etat. Jusqu’à présent, seules les GG.LL. dites Caucasiennes, c’est-à-dire regroupant des Blancs, étaient reconnues par la G.L.U.A. au détriment des GG.LL. dites de Prince Hall, regroupant des Noirs. Seules les GG.LL. Caucasiennes étaient donc « régulières ». Or depuis quelques années, ces deux GG.LL., qui n’entretenaient pas de relations, ont brisé la glace et se reconnaissent mutuellement. Pendant quelque temps, avant que la G.L.U.A. ne commence à reconnaître certaines GG.LL. de Prince Hall, les maçons anglais se trouvaient dans une curieuse position. Ils ne pouvaient plus visiter les GG.LL. Caucasiennes qui étaient en relation avec des GG.LL. de Prince Hall au motif qu’ils auraient pu rencontrer -quelle horreur !- des maçons « irréguliers » tandis que, dans le même temps, les frères de ces GG.LL. Caucasiennes pouvaient continuer à visiter les Loges de la G.L.U.A. Aujourd’hui, la situation a évolué. Un frère anglais peut se rendre en visite dans une G.L. Caucasienne, même si cette G.L. entretient des relations avec une G.L. de Prince Hall non encore reconnue par la G.L.U.A.

The Square

Depuis plus de 10 ans, l’évolution de la Maçonnerie anglaise a été marquée par quelques grandes étapes : retrait des châtiments des obligations, proposition de simplification des rituels, critique d’un certain «establishment» à l’intérieur même de la G.L.U.A.

Dans le n° de mars 1998 (pp. 26-27), Lionel A. Taylor s’attaque à l’organisme directeur de la G.L.U.A., le Bureau des Affaires générales. L’article intitulé « Them ... and Us ? » (« Eux ... et Nous ? ») est illustré par un dessin censé représenter les relations entre le Bureau et les frères : sur un ring de boxe, le bureau des Affaires générales est croqué par un poids lourd vêtu d’un tablier de Maître Installé tandis que le maçon de base est un poids plume vêtu d’un tablier de Maître ordinaire. On devine l’issue du combat.

Taylor critique le mode de recrutement du Bureau qui est composé, d’une part, de membres désignés et, d’autre part, de membres élus. Ainsi constitué, le bureau ne reflète guère les préoccupations des frères et les « Quaterly Communications » (Assemblées trimestrielles) ne sont pas un lieu de débat et jouent plutôt le rôle d’une simple chambre d’enregistrement. Or, Taylor remarque malicieusement que ce sont tout de même les Frères qui payent.

Il propose donc de modifier la composition de ce Bureau en augmentant le nombre de frères élus de façon à ce que les « idées nouvelles » et « les suggestions constructives pour le changement » soient mieux représentées et défendues.

Taylor termine son article en constatant que les Maçons chargés de décors et d’honneurs résistent à ces évolutions mais que la Maçonnerie anglaise est cependant condamnée à s’adapter au monde moderne et à la société contemporaine si elle veut survivre.

Dans le numéro de juin 1998 (pp. 78-79), Pat Streams continue dans la même voie et gravit une marche supplémentaire en abordant la question de la Grande Maîtrise. Depuis 1721, dans la Première Grande Loge, et depuis 1753 chez les « Anciens », remarque-t-il, le Grand Maître est toujours un personnage de haute extraction, voire de sang royal, ce qui est encore le cas aujourd’hui. Cependant un changement s’est opéré à partir de 1813 avec l’allongement considérable de la durée de la Grande Maîtrise. En effet, de 1717 à 1813, il y eut 39 Grands Maîtres chez les « Modernes », soit une moyenne d’un peu plus de 2 ans par Grande Maîtrise, tandis que de 1813 à nos jours, il y a eu 10 Grands Maîtres de la G.L.U.A., soit une moyenne d’un peu moins de 20 ans.

Or, il y a quelques années, le Bureau des Affaires générales avait suggéré de réduire la durée des offices dans les loges, en considérant qu’après 8 années le frère titulaire d’un office devenait inefficace tant pour lui-même que pour la loge. Notant que même les présidents des Etats-Unis d’Amérique ne restent pas en poste plus de 8 ans, Pat Streams se demande a fortiori s’il est bien raisonnable de conserver un Grand Maître plus de 8 années. Rappelons que le duc de Kent est en poste depuis 1967, soit depuis 31 ans.

Pat Streams dresse alors le portrait idéal du Grand Maître du XXIe siècle : un capitaine d’industrie libéré de ses obligations professionnelles, âgé de 55 ans.

Mais comment choisir ce nouveau Grand Maître ? Sur un mode ironique, Pat Streams propose d’utiliser « une étrange méthode (...) qui est connue sous le nom de démocratie ». Ce Grand Maître d’un nouveau type, démocratiquement élu, représenterait véritablement les intérêts du Métier. Cette méthode pourrait d’ailleurs être étendue à d’autres prises de décisions, comme par exemple l’utilisation des fonds de la G.L.U.A., qui sont tout à fait considérables.

Dans ce même numéro (p. 83), Lionel A. Taylor aborde la question de l’Installation du Vénérable Maître. Actuellement la cérémonie se déroule de la façon suivante : une première et courte partie se passe au 1er grade, une seconde assez longue au 2e grade et une très courte au 3e grade, suivie de la cérémonie secrète, puis on revient du 3e au 1er grade avec pérambulations et saluts à chaque grade, tout ceci étant assez difficile à mettre en ?uvre une loge nombreuse. Taylor ne voit aucune raison d’exclure les apprentis immédiatement et propose que l’Installation (en dehors de la partie secrète) se tienne entièrement au 1er grade.

Un article de David Hopkirk « Appearance Unbecoming » (pp. 90-91) porte sur l’évolution du costume en Maçonnerie. Petit à petit, on passe du style « Evening Dress » (« Tenue de soirée ») au style « Microsoft and IBM ».

La « Goose and Gridiron Society », qui recherche dans toute l’Angleterre les pubs et tavernes qui ont un rapport avec la Maçonnerie, s’est rendue à Canterbury où se trouve un magnifique musée maçonnique (pp. 76-77).

The Ashlar (n°4, avril 1998)

Cette revue écossaise à l’imitation de The Square a cependant un caractère moins « contestataire ». Elle combine à la fois des articles à préoccupation « symbolique » et des articles d’actualité.

The Square (n° de septembre 1998)

Dans son habituelle chronique « Point of View » (pp. 142-143), Pat Streams défend l’idée que les frères les plus âgés ont encore des services à rendre à la Maçonnerie. Ne serait-ce que parce qu’ils disposent de plus de temps que les frères en pleine activité professionnelle. De son côté, Leo Zanelli, rédacteur en chef de la revue, commence une série d’articles sur une nouvelle histoire de la Maçonnerie (« A Pragmatic Masonic History », pp. 146-150). Dans cette première livraison, il aborde la question de l’apparition du 3e grade dans les années 1720 et met en avant le rôle de Jean-Théophile Désaguliers.