INFORMATIONS BIBLIOGRAPHIQUES ET ACTUALITÉS DE LA MAÇONNERIE ANGLAISE

(Roger Dachez, Pierre Gauchet et Gérard Géfen)

1996

Masonic square (décembre 1995)

Dans l’éditorial (p.201), Léo Zanelli, rédacteur en chef de la revue, affirme que la Maçonnerie est l’objet d’une sérieuse récession aux Etats-Unis et en Australie alors que les effectifs sont stables en Angleterre et au Pays de Galles. Il observe même qu’il n’y a jamais eu autant de membres dans les Side degrees (Knights Templar, Rose Croix, Royal Order of Scotland). Ce dernier aurait vu ses effectifs multipliés par 400 dans certaines régions! Mais il ne donne pas d’explication sur les causes de cet engouement.

Pat Streams, dans sa chronique, poursuit ses attaques contre le grade de l’Arc Royal. Il suggère qu’il serait plus cohérent de retrancher ce grade du cadre de la Maçonnerie traditionnelle (The Craft) pour le classer dans la catégorie des Side degrees (p.209).

Dans un autre article, The Royal Arch Enigma (p.222), J.W. Mitchell lui apporte la réplique. Il exalte ce grade et préconise de le pratiquer à la manière irlandaise ou américaine selon la série suivante: Maître Maçon de la Marque, Excellent Maître ou Passage des Voiles, Compagnon de l’Arc Royal.

Ces opinions si divergentes nous conduisent à nous interroger, une fois de plus, sur le véritable rôle joué par Pat Streams.

Voilà bien longtemps que nous avons remarqué la volonté de la Grande Loge Unie d’Angleterre de lutter contre la pénurie de candidatures en même temps qu’elle essaye d’enrayer le départ des frères. Déjà en 1986, le retrait des châtiments de l’obligation était lié à ces préoccupations puisqu’il s’agissait d’améliorer l’image de la G.L.U.A. et de répondre à des critiques énoncées par l’Eglise d’Angleterre et par des milieux hostiles à la Maçonnerie. En cédant aux clameurs publiques, la G.L. s’était engagée dans une voie aux conséquences incalculables et qui n’ont pas fini de nous surprendre. Que l’on songe par exemple au secret maçonnique ou à l’exclusion des femmes, sans parler de certains grades et thèmes qui peuvent apparaître plus que douteux, et l’on présumera que les ennuis ne sont pas terminés pour la G.L.U.A.

La chronique de Pat Streams s’inscrit dans cette perspective d’adaptation de la Maçonnerie au monde contemporain. C’est dans ce cadre que sont émises un certain nombre d’idées novatrices: la simplification des rituels (il ne serait pas étonnant qu’elle voie le jour concrètement dans quelque temps), la suppression de qualifications requises pour accéder à certaines fonctions dans l’Arc Royal (c’est-à-dire être titulaire de l’installation secrète du Vénérable en chaire pour être Principal du chapitre ), etc.

S’il ne faut voir là que des propositions, il ne faut pas oublier que l’on a tout de même commencé à modifier les rituels des 3 premiers grades (les châtiments) et celui de l’Arc Royal (certains changements sont très importants). Que va-t-il se passer maintenant? L’expérience nous enseigne que les modifications se feront sans doute graduellement, d’autant qu’un courant traditionnel s’exprime encore avec force. Il est possible que l’on procède comme on l’avait fait pour les châtiments, en proposant une forme alternative du rituel dont l’usage ne sera pas, dans un premier temps, obligatoire...

Alpina (janvier 1996)

Organe officiel de la Grande Loge Suisse Alpina, obédience « régulière » mais très libre vis-à-vis de l’Angleterre, cette revue publie une information curieuse sous le titre Un rite unique en Suisse (p. 21). On y apprend qu’une loge de Fribourg se flatte d’étrenner le rite de la Grande Loge des Anciens. Son Vénérable déclare avoir retrouvé le Rituel Ancien intégral, l’écriture du manuscrit en sa possession indiquant clairement qu’il remonte à la fin du XVIIIè siècle. Remarquable découverte en effet! On se souviendra que le rituel des anciens a été divulgué et imprimé dès 1760 dans The Three Distincts Knocks (Les Trois coups distincts). Mais ce n’est pas tout. On affirme que ce rituel est hérité des maçons opératifs. C’est sur ce genre de confusion entre les « Anciens » (qui furent peut-être plus spéculatifs que les « Modernes ») et l’ancienne maçonnerie opérative que l’on recrée de toutes pièces une pseudo-tradition maçonnique. Et il est juste de dire que ce phénomène, fondé sur l’ignorance et la confusion, est universellement répandu dans tous les milieux maçonniques.

Par ailleurs, on annonce (p. 18) la démission du Comité Directeur du Grand Maître, Werner Schorno. La presse suisse a révélé que le Grand Maître et le Grand Maître adjoint étaient membres de « l’Ordre du Graal Ardent ». Même si, à première vue, cet Ordre semble inoffensif, le fâcheux exemple de « l’Ordre du Temple Solaire » le rend évidemment suspect. N’oublions pas que ce dernier a une origine maçonnique et que sa filiale française, « l’Alliance Rose-Croix », a son siège à Paris, 41 rue Ramey (18°), local maçonnique bien connu. Ainsi, ce drame commence à avoir des conséquences dans la maçonnerie européenne. Quelle sera la réaction de la Grande Loge Unie d’Angleterre?

Masonic square (n° de mars 1996)

Un article sur Internet (Point of view par Pat Streams, p.21) nous donne l’occasion de rappeler qu’il existe plus de 150 « sites maçonniques », principalement américains. Ils rassemblent évidemment des informations très diverses voire excentriques.

Le bicentenaire de la mort de Robert Burns (p.18), grand poète écossais, (1759-1796), sera célébré cette année dans l’ensemble du monde anglo-saxon. Pour s’en tenir à l’Ecosse, une grande procession aura lieu le 21 juillet à Dumfries. Elle se dirigera vers l’église St Michael et rassemblera les officiers de la Grande Loge d’Ecosse, les G.L. provinciales et les Loges. Par ailleurs, la G.L. provinciale du Dumfriesshire va émettre un bijou commémoratif.

S’il existe beaucoup de livres sur Robert Burns, il n’y a, par contre, que peu d’études sur son activité maçonnique. Les A.Q.C. ont publié un article un peu approximatif dans lequel on trouve un certain nombre d’erreurs, comme la prétendue appartenance de Robert Burns à la loge Canongate de Kilwinning. Il y a également un article assez important dans le dictionnaire de Mackey, inspiré de l’article des A.Q.C. Plus près de nous, Marie-Cécile Révauger a publié un article sur Robert Burns franc-maçon. La sortie d’un ouvrage sur Robert Burns et la franc-maçonnerie est annoncée prochainement.

Le courrier des lecteurs (p.42) nous permet de souligner deux aspects caractéristiques de la vie maçonnique en Angleterre.

Le premier, c’est que le rite utilisé par la Grande Loge Unie d’Angleterre est pratiqué avec un certain nombre de variantes, d’usages , parfois imperceptibles pour un oeil non exercé, et que l’on appelle des « styles » (working). Le plus connu de ces styles est le style dit Emulation. Mais il y en existe d’autres et par exemple le style Norfolk. Ces légères variations, que l’on a du mal à discerner, sont très importantes pour les frères anglais qui regrettent souvent la suprématie du style Emulation. Rappelons que l’usage du style Emulation n’a aucun caractère obligatoire.

Le deuxième aspect est le respect indéfectible que nos frères britanniques ont pour les officiers de la G.L. Dans le cas présent, l’auteur de la lettre rapporte qu’un officier de la G.L., étant en visite dans une loge pratiquant le style Norfolk, a imposé l’usage Emulation. Terriblement choqués, et avec un immense regret, les frères se sont néanmoins inclinés devant la volonté de ce Grand Officier. Mais avec « répugnance »!

L’évolution de la G.L.U.A.

Au fil des numéros se dégagent un certain nombre d’éléments montrant l’évolution des mentalités dans la maçonnerie anglaise. Nous notons aujourd’hui la plus place de plus en plus importante de la publicité dans cette revue. Ceci dénote le rôle que veut jouer la maçonnerie anglaise : devenir un organisme « social », de sociabilité, bref, d’entrée dans la société. Il y a ainsi toute une politique « d’ouverture » de la maçonnerie vers l’extérieur. En témoigne le projet annoncé par John Hamill lui-même, bibliothécaire de la G.L.U.A., visant à remettre en pratique les processions publiques de francs-maçons.

Quant à l’interprétation du sens de cette évolution, il est possible d’en faire deux lectures.

La première met en avant la volonté de la maçonnerie anglaise de s’adapter à la société contemporaine. Si elle demeure la référence sur le plan historique et traditionnel, on peut cependant s’interroger sur ses comportements actuels, notamment en ce qui concerne la modification des rituels etc.

La deuxième considère au contraire que la maçonnerie anglaise résiste à l’évolution extraordinairement rapide de la société britannique.

Freemasonry, un panorama de l’ordre maçonnique

Publié par Dervy sous l’égide d’Andrée Buisine et Michaël Segall, cet ouvrage est l’adaptation française de Freemasonry - A Celebration of the Craft. Il présente de façon agréable une vision d’ensemble de la maçonnerie anglo-saxonne tandis qu’une partie est, bien entendu, consacrée à la maçonnerie française. Ce livre qui n’a pas de prétention scientifique, comporte malheureusement quelques pages calamiteuses sur « Compagnonnage et franc-maçonnerie » et « Rose-Croix et franc-maçonnerie » (p.16-18) dignes d’un Jean Pierre Bayard...

Renaissance Traditionnelle (n°103-104, juillet-octobre 1995)

Ce numéro publie les actes du colloque du 14 octobre 1995 sur « les Grands Convents de l’histoire maçonnique ». On notera la communication de John M. Hamill sur « l’Union de 1813 à Londres ».

Masonic Square (n° de juin 1996)

Ce numéro ne présente pas beaucoup d’intérêt à l’image de l’article de J.M.K. MacAlpine intitulé «De l’origine de quelques chansons maçonniques» (p.82 et 83) sur les chansons des Constitutions de 1723 dites d’Anderson. Quant à la photo de couverture, elle représente une tenue dans une véritable carrière dans l’état du New Jersey (U.S.A.) avec une énorme pierre brute digne de ce nom!

On notera cependant l’annonce de la création d’une Grande Loge de Russie, le 24 juin 1995, à l’initiative de la Grande Loge Nationale Française. Il existe aussi un Grand Orient de Russie créé par le Grand Orient de France. Rappelons que la Maçonnerie a été supprimée en Russie par un ukase de l’empereur Alexandre Ier le 12 août 1822 et que l’anti-maçonnisme y est resté très virulent, surtout ces derniers temps.

Renaissance Traditionnelle n°105 (janvier 1996)

On notera un article de Thierry Boudignon sur l’héraldique et la franc-maçonnerie en Irlande et en Ecosse faisant suite à un précédent article sur l’héraldique et la franc-maçonnerie en Angleterre.

Rudyard Kipling, Man, Poet, Mason par John Webb (published by Ian Allan Regalia Ltd)

Cette biographie est un résumé de la vie et de l’oeuvre de Kipling, bien connues par ailleurs. On notera cependant une information nouvelle (p.57), sa marque est un « K » ainsi que l’atteste une copie d’un certificat de la Grande Loge des Maîtres Maçons de la Marque du 10 mai 1918. Kipling avait été avancé au grade de Maître Maçon de la Marque le 12 avril 1887 à Lahore (Pakistan) dans la loge Fidélité n°98.

Masonic square (septembre 1996)

Les nombreuses pages consacrées à la publicité dans cette revue montrent à quel niveau social se situe la vie maçonnique britannique. Les banquets solsticiaux tiennent une place importante. Pour les réussir, on peut s’assurer les services d’animateurs. Une annonce, page 186, invite à contacter un « Toastmaster, Ladie’s Festivals a speciality », tout un programme... Pour mettre de la bonne humeur, on édite également des livres de blagues maçonniques. Ces banquets peuvent en réalité se transformer en véritables week-ends. A cette fin, de nombreux hôtels se proposent d’accueillir les Frères et leurs épouses.

Dans le courrier des lecteurs, une lettre (p. 169) revient sur la question du déplacement des châtiments. En 1984, en effet, la Grande Loge Unie d’Angleterre avait pris la décision de retirer les châtiments traditionnels de l’obligation et de les transférer à un autre moment de la cérémonie. L’auteur de la lettre s’interroge sur la manière dont cette décision a été appliquée. Pourquoi dit-on aujourd’hui au candidat que les châtiments traditionnels étaient autrefois inclus dans l’obligation alors qu’ils y étaient seulement associés ? Au cours du débat de 1984 n’avait-on pas affirmé que ces châtiments n’étaient pas contenus à l’origine dans les obligations? Autrement dit, si on a ajouté des châtiments à une certaine époque, il est tout à fait valide de les retirer aujourd’hui et c’est une erreur de laisser entendre au candidat que cette modification est une altération des rituels.

On apprend, à cette occasion, que la décision de la G.L.U.A. a été adopté par la « majorité » des ordres maçonniques. Est-ce à dire qu’une minorité pratique encore l’ancien usage?

Dans la rubrique bibliographique, notons une traduction en anglais d’un ouvrage de Bède, On the Temple. Moine bénédictin, Bède le Vénérable (vers 673-735) est le Père de l’histoire de l’Angleterre. Il écrivit aussi des livres sur la nature des choses, sur les figures bibliques etc.

Revolutionary Brotherhood de Steven C. Bullock

Deux ouvrages nouvellement parus méritent une étude approfondie.

Le premier est un livre américain Revolutionary Brotherhood de Steven C. Bullock sous-titré « La franc-maçonnerie et les transformations de l’ordre social américain, 1730-1840 ». Cet ouvrage universitaire présente toutes les qualités de sérieux. Il retrace les débuts de la maçonnerie aux Etats-Unis, l’influence de la querelle des « Modernes » et des « Anciens », les américains étant plutôt favorables aux « Anciens », et l’affaire Morgan avec toutes ses conséquences. A ce propos, l’auteur montre parfaitement que cette affaire est avant tout un épisode de l’histoire politique américaine dont l’aspect maçonnique ne fut que le prétexte.

The Arch and The Rainbow du Revd Neville B. Cryer

Le deuxième ouvrage est consacré à l’histoire de la Marque et au grade du «Royal Ark Mariner». Oeuvre du Revd Neville B. Cryer, The Arch and The Rainbow (published by Ian Allan Regalia) s’annonce d’ores et déjà comme une somme incontournable sur cette question. L’auteur montre que le grade de la Marque a failli contribuer à la constitution d’un système homogène qui aurait pu être à l’image du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Le livre fourmille de faits, de citations et est le type même du travail historique comme peut en produire «l’école authentique».

CHRONIQUES MAÇONNIQUES D’INTERNET

(Gérard Géfen)

Sur le plan maçonnique, le réseau Internet offre deux services: un forum et des sites.

Le forum est ouvert à tous, maçons et non-maçons. Un « flash » du 10 novembre 1996 précise que

« Le forum a été créé par et pour des maçons « réguliers » tels qu’ils sont définis par les 51 Grandes Loges « régulières » des Etats-Unis mais accueille avec plaisir la participation de tous les autres ».

On donne ensuite quelques conseils aux utilisateurs du forum:

« Rappelez-vous que ce n’est pas une Loge tuilée. Ne partagez pas avec n’importe qui des signes de reconnaissances. En effet n’importe quel « cowan ou curieux » peut se manifester. »

De fait, on y accède facilement en tapant « Go Masonry ». On y trouve une bibliothèque (avec des reprints), des messages, des statistiques, etc.

C’est ainsi qu’on apprend qu’à la date du 26 mai 1996, 26942 personnes avaient fréquenté le forum maçonnique mais 3022 seulement avaient laissé leurs coordonnées (nom et adresse) dont voici la répartition par pays: Etats-Unis, 1575, Angleterre, 318, Canada, 147, Allemagne, 80, Ecosse, 46, France, 45, etc.

Les maçons français sont répartis par obédiences de la façon suivante: Grande Loge de France, 14 (RR.LL. Jean Scot Erigène n°1000, L’Energie Libératrice, La Concorde n°863, La Ruche d’Orient n°401, Le Bon Vouloir n°577, L’Etoile n°1001, Memphis-France n°793, Plus-Ultra n°452, Réalité n°705, La Parfaite Egalité n°807, Vézelay, etc.), Grande Loge Nationale Française, 8 (R.L. Orouboros n°922, etc.), Grand Orient de France, 5, Droit Humain, 2 (R.L. Le Comte de Saint-Germain), Grande Loge Féminine, 1 (R.L. L’Amandier n°94), Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra, 1, O.I.T.A.R., 1.

Le forum permet aussi de dialoguer.

En voici un exemple très instructif entre Chuck Tupper, grand bibliothécaire de l’Etat de Washington et Ed King, un des premiers participants du forum.

« Chuck: J’ai noté qu’un certain nombre de nouveaux membres ne participent pas [au forum, en ne laissant pas leurs coordonnées] et je pense que la Fraternité de la « Loge électronique » et l’ampleur des connaissances sur le Métier [dont font preuve certains membres expérimentés du forum] intimident beaucoup d’entr’eux. »

C’est dire que nombre d’utilisateurs du forum ne donnent pas leur identité pour ne pas courir le risque de paraître trop ignorants.

Pourtant, Chuck affirme plus loin:

« Nous traitons les membres du forum comme nous le ferions de notre propre famille ».

Il est vrai que le forum supprime les séparations et les barrières entre les obédiences, y compris entre celles dites « régulières » et les autres. Ceci n’est pas sans conséquences ainsi que le constate Ed:

« Cela peut être déstabilisant de lire des informations qui contredisent ce que nous avons toujours cru sur la Maçonnerie. Certains Frères ont été choqués en apprenant que les « Knight Templars » n’étaient pas les héritiers des Templiers (...)

Chuck: Ce forum devrait être un outil très apprécié pour tous les Maçons dans la mesure où ils reçoivent une information qu’ils ne trouvent pas ailleurs. C’est particulièrement vrai pour ces juridictions [ou obédiences] qui n’ont pas de Loges d’études (...)

Dans notre forum maçonnique, vous trouverez beaucoup de Maîtres Maçons qui ont passé leur vie à étudier le Métier. Le reste des membres de cette Loge électronique sont des gens qui ne l’ont pas fait ».

Certes, mais le niveau des discussions sur ce forum est-il toujours si élevé? Plus loin encore, Chuck insiste:

« Ceux qui prennent plaisir à apprendre à lire et à écrire sur notre merveilleuse Fraternité constituent une infime minorité dans le Métier. Il est EXTREMEMENT inhabituel de trouver autant d’érudits rassemblés dans un même endroit comme le forum. Cela peut effectivement être très intimidant spécialement pour le nouveau membre qui commence à lire les débats ... »

Le forum comme les sites donnent aussi des informations de toute nature.

On trouve la liste des Grandes Loges qui reconnaissent la Grande Loge de Prince Hall à la date du 20 septembre 1996:

  • La Grande Loge Unie d’Angleterre a reconnu les G.L. Prince Hall du Massachusetts en 1994 et du Connecticut en 1996.
  • Grandes Loges du Canada (New Brunswick, Nova Scotia, Manitoba, Prince Edward Island et Quebec)
  • Grandes Loges américaines des Etats suivants: Californie, Colorado, Connecticut, Hawaii, Idaho, Massachusetts, Minnesota, Nebraska, Nouveau Mexique, Dakota du Nord, Ohio, Vermont, Washington (1990), Wisconsin et Wyoming.
  • Le Suprême Conseil de la Juridiction Nord du « Scottish Rite » reconnaît le Suprême Conseil de Prince Hall.

On trouve également la « Loge Internet ». Cette Loge virtuelle et internationale a été créée le 13 février 1996. Si elle a élu ses Officiers et choisi le rituel qu’elle entend pratiquer (une version largement inspirée du Style Emulation), elle ne procède pourtant pas à des cérémonies même si ses membres doivent porter des gants (ce point a été voté à 90% de majorité)! Elle a demandé à être reconnue comme régulière. Elle édite un bulletin et pour adhérer, il faut donner son adresse électronique (« email ») afin d’être contacter...

Voici son programme:

  • fin octobre 1996, clôture de la liste des membres fondateurs.
  • décembre 1996, rédaction finale des documents de fondation.
  • février/mi-mai 1997, signature de ces documents par les membres fondateurs.
  • mi-juin 1997, examen de la demande de reconnaissance.
  • mi-septembre 1997, reconnaissance de la Loge.
  • mars 1998, consécration de la Loge.

On trouve enfin diverses publicités ou avis.

Par exemple, les heures d’ouverture du « Freemasons’ Hall » à Londres. Pour attirer le visiteur, on signale au passage que le bâtiment a servi de décors à de nombreux films (par exemple, les aventures d’Hercule Poirot) avec son style art deco à l’intérieur.

On peut également acheter un « pin » et des cartes de voeux maçonniques. On peut consulter les inévitables petites annonces, une banque de données iconographiques (par exemple la série des outils) et la liste des adresses des sites maçonniques (et anti-maçonniques). Ces sites sont en majorité constituées par des loges ou des particuliers.

Ainsi, cet immense mouvement, dont l’origine est principalement due à des initiatives individuelles, efface (virtuellement) les barrières entre les obédiences en permettant un dialogue et un échange d’informations extrêmement libres. En outre ce réseau peut être un outil d’enseignement maçonnique qui attire d’ailleurs de plus en plus de personnes tout en stimulant probablement la recherche. Ces faits, nouveaux par leur ampleur dans l’histoire maçonnique, sont difficiles à apprécier et il est encore plus difficile d’en mesurer les conséquences quant à l’avenir de la franc-maçonnerie universelle.

Discussion :

Internet, par la liberté de communication qu’il procure, favorise l’expression d’une valeur fondamentale des débuts de la franc-maçonnerie: la fraternité. Au delà des obédiences et des rites les Frères goûtent au plaisir de se retrouver.

Un autre aspect d’Internet est l’absence quasi totale de secret. C’est ainsi qu’on peut consulter une quantité impressionnante de rituels concernant tous les rites. Par ailleurs, il semble que les francs-maçons qui fréquentent ce réseau ne respectent pas toujours leur engagement de discrétion et de prudence. Certains se laissent aller à des déclarations douteuses et peu fraternelles ce qui, on est obligé de le constater, n’est malheureusement pas une spécificité d’Internet.

C’est l’anglais qui prime sur Internet. Toutefois il existe des « Pages Maçonniques Francophones », site qui s’appellera bientôt « La Franc-Maçonnerie francophone sur l’Internet ». On y précise bien que ce sont des « pages personnelles » qui « ne dépendent d’aucun organisme maçonnique officiel » et qui « n’engagent que leur auteur ». On ajoute que les « visiteurs « profanes » pourront les parcourir en toute liberté ». Les informations que l’on y trouve sont très diverses et d’un intérêt très inégal, de la « Grand Lodge of Western Australia of Antient, Free and Accepted Masons » à l’éloge décerné « au grand classique de Jules Boucher, La Symbolique maçonnique, » en passant par le « Rite de Narbonne (1721) »!