Les "Side Degrees"
Marc Mirabel 1994/95/96
1ère Partie:
La Grande Loge Unie d'Angleterre et les "Side-degrees" au XIXè Siècle: aperçus historiques
1) Introduction: la légitimité des Hauts grades de la Maçonnerie .
L'histoire des relations entre la G.L.U.A., c'est-à-dire les trois grades bleus d'Apprenti, Compagnon et Maître, et les autres grades maçonniques s'inscrit dans la problématique de la légitimité des Hauts grades.
Dès le début des années 1730, la Maçonnerie se compose d'un grand nombre de grades. A cette époque, que ce soit en Angleterre ou en France, la Maçonnerie est constituée de l'ensemble de tous les grades connus. Il n'y a aucune différence de nature entre les trois premiers grades, par lesquels il faut nécessairement passer, et tous les autres. Ces derniers proviennent évidemment d'autres sources, utilisent d'autres thèmes, abordent d'autres réflexions que les grades bleus mais c'est l'ensemble de tous les grades qui constitue la tradition maçonnique, ce qu'Etienne Gout appelait "les sublimes grades de la Maçonnerie".
D'ailleurs les problèmes qui ont pu surgir entre les grades bleus et les autres grades au XVIIIè siècle ne posent jamais la question de la nature maçonnique et de la légitimité traditionnelle des Hauts grades. Ils montrent au contraire qu'il ne s'agit que de questions de pouvoir et de haute main sur ces grades.
En France, vers 1780, le G.O.D.F., nouvellement fondé, essaie de réorganiser la Maçonnerie Française. Il s'occupe naturellement de la questions des grades ( 1). Le conflit qui naît alors avec d'autres organisations de Hauts grades est bien un conflit de pouvoir et non un conflit sur la nature maçonnique de ces grades que le G.O.D.F. tente au contraire de synthétiser.
En Angleterre, le conflit dominant est celui qui oppose la Grande Loge de Londres dite des "Modernes" fondée en 1717 et celle des "Anciens" fondée en 1751. Cette querelle concernait principalement la question de "l'Arc Royal". Les Anciens considéraient ce grade comme le coeur et la moelle de la Maçonnerie, comme le disait L. Dermott et le tenaient pour un 4ème grade. Les Modernes n'en contestaient pas le caractère maçonnique mais ne pouvaient l'accepter puisqu'ils ne le gouvernaient pas. Là aussi c'était bien plus un conflit de pouvoir qu'une question relative à la nature maçonnique du grade ( 2).
Après s'être opposées, parfois violemment, pendant plus d'un demi-siècle ces G.L. finirent cependant par s'unir en 1813 pour former la Grande Loge Unie d'Angleterre dont le premier Grand Maître sera le duc de Sussex. Cette union va changer considérablement la face de la Maçonnerie anglaise et pour ce qui nous intéresse, va établir une distinction radicale entre les grades bleus et les Hauts grades ou Side degrees.
L'union est scellée par un acte solennel qui contient le célèbre article II. Celui-ci déclare que " la pure et ancienne Maçonnerie consiste en trois grades et pas plus, à savoir ceux d'Apprenti Entré, de Compagnon du Métier et de Maître Maçon y compris l'ordre suprême du Saint Royal Arc " ( 3). C'était donner là une définition extrêmement restreinte de la Maçonnerie. Cependant " cet article n'a pas pour intention d'empêcher une Loge ou un chapitre de tenir une réunion à quelque grade que ce soit des ordres de chevalerie en conformité avec les constitutions des dits ordres ."
Quarante ans plus tard, en 1853, la deuxième partie de cet article sera supprimé de la 6ème édition des constitutions de la G.L.U.A., c'est dire que les relations entre cette dernière et les Side degrees furent problématiques.
La rédaction de l'article II pose deux problèmes:
1°) on peut se demander pourquoi on a inclus "l'Arc Royal" dans "la pure et ancienne Maçonnerie" et non les grades chevaleresques ?
2°) a contrario, pourquoi parler des grades chevaleresques alors qu'on ne les reconnaît pas comme étant "la pure et ancienne Maçonnerie et ne pas les avoir tout simplement ignorés ?
A la première question plusieurs réponses sont possibles.
L'union de 1813 repose, entre autre, sur une déchristianisation des rituels pour s'en tenir à un fondement vetero testamentaire. Si la suppression de toutes références chrétiennes a permis aux Juifs de s'intégrer à la Maçonnerie anglaise ce qui était un voeu du duc de Sussex ( 4), il devenait, du même coup, impossible d'admettre des grades qui dans leur immense majorité requièrent notamment d'être de confession chrétienne.
On peut voir une autre raison dans la situation internationale que connaît l'Angleterre à cette époque. Voilà deux décennies qu'elle est en guerre plus ou moins totale avec la France révolutionnaire. Ceci a bien sûr des conséquences sur la société anglaise. En 1799, le Parlement interdit les sociétés "secrètes". Si cet acte ne concerne pas la Maçonnerie, il peut cependant expliquer qu'en 1813, en pleine guerre napoléonienne, les rédacteurs des articles de l'union s'en soient tenus à une définition stricte de la Maçonnerie comme pouvait l'entendre l'acte de 1799, c'est-à-dire à l'exclusion des Side degrees.
Mais était-il possible d'ignorer ces grades chevaleresques ?
Il convient de remarquer que ces grades étaient déjà d'une pratique ancienne et connaissaient une réelle popularité. Il était difficile dans ces conditions de ne pas les citer. De plus, c'était de bonne diplomatie, la G.L.U.A. montrant ainsi qu'elle n'avait aucune visée sur ces grades.
Il faut également noter que, parmi les rédacteurs des articles de l'Union, il y avait le Frère Waller Rodwell Wright, G.M. des Knights Templars, les chevaliers Templiers, de 1807 à 1812. Il cédera la place au duc de Sussex qui restera G.M. des Knights Templars de 1813 à 1843.
Il est donc compréhensible qu'en 1813, les rédacteurs des articles de l'Union fassent allusion au principal ordre de chevalerie du temps ( 5).
Les conséquences de cette union furent principalement de deux ordres.
Premièrement, sur le plan de la vie interne de la G.L.U.A., on remarque qu'il existe tout au long du XIXè siècle une grande stabilité des personnels dirigeants et par là une grande continuité dans sa politique. De 1813 à 1901, elle ne connaîtra que quatre G.M.; le duc de Sussex de 1813 à 1843, le comte de Zetland de 1843 à 1870, le marquis de Ripon de 1870 à 1874 (il démissionnera à la suite de sa conversion au catholicisme) et le prince de Galles de 1874 à 1901 (date à laquelle il succédera à la reine Victoria). De même, le G. Secrétaire de la G.L.U.A. est William Henry White de 1813 à 1856 ( 6). De ce point de vue, l'union de 1813 va assurer l'unité et l'essor de la Maçonnerie britannique.
Deuxièmement, sur le plan des rapports avec les Side degrees, cette union, reposant sur la déchristianisation, marginalise ces Hauts grades ou grades latéraux qui dans leur immense majorité sont d'essence chrétienne. Mais surtout, elle introduit, par la définition très restrictive qu'elle donne de la Maçonnerie, une différence de nature entre les trois premiers grades qui représentent à eux seuls la vraie Maçonnerie et les autres. Or, nous avons vu que cet état d'esprit était inconnu des Maçons du XVIIIè siècle.
2) les Side degrees après l'union de 1813
La position de la G.L.U.A. vis-à-vis des Side degrees, exprimée dès 1822 par le Frère White, est alors celle d'une stricte séparation d'avec ces grades.
Dans une lettre au G.M. Provincial de Francfort, le G. Secrétaire de la G.L.U.A. rapporte la position du duc de Sussex sur les grades de Chevalerie. Celui-ci pensait que la mention de ces grades (dans les articles de l'Union) était plus une mesure de tolérance pour élargir la fraternité qu'une mesure de reconnaissance.
Dans une autre lettre, il ajoute que les grades chevaleresques ne font pas partie de "la pure et ancienne maçonnerie".
Ces déclarations peu conciliantes s'appuyaient sur le fait que le duc de Sussex avait pris la tête de toutes les organisations de Side degrees pour les mettre en sommeil. C'est ainsi qu'il avait reçu une patente de Souverain G. Commandeur du Suprême Conseil des Iles Britanniques et qu'il était le G.M. des K.T. comme nous l'avons déjà signalé.
Dans ce contexte très défavorable, la pérennité du grade de K. T. sera pourtant assurée grâce à deux "Encampments" ou "campements", c'est-à-dire des organisations locales de ce grade. Durant une trentaine d'années, le "Cross of Christ Encampment" et le "Early Encampment of England" continueront à fonctionner envers et contre tout, à se maintenir à Londres et même à recruter des Frères éminents qui les défendront.
On notera le rôle très important de Robert Thomas Crucefix (1797-1850) qui fut un Maçon très actif. Il dirigera le Suprême Conseil, organe directeur du Rite Ecossais Ancien et Accepté, créé en 1846.
Un autre Frère, William Tucker (1815-1855), G.M. provincial du Dorsetshire et G. Super Intendant de l'Arc Royal pour la même province, sera la victime du seul accroc vraiment sérieux entre la G.L.U.A. et les Side degrees pendant cette période.
Ce Frère avait participé à la création du Suprême Conseil. Or cette création avait été assez mal ressentie par la G.L. d'autant que William Tucker avait publiquement exprimé son désaccord avec l'article II de l'union. Il regrettait " très sérieusement que lors de l'union de 1813, les articles affirment que la pure et ancienne Maçonnerie consiste en trois grades et pas plus (...) car cela nous coupe de la Maçonnerie continentale et même de la Maçonnerie Ecossaise et Irlandaise (...) je recommande fortement de recevoir et de participer à ces Hauts grades ". Enfonçant le clou, le Frère Tucker n'hésitait pas, lors de Tenues de G.L. provinciale, à arborer les décors de Souverain G. Inspecteur Général, 33è grade du R.E.A.A.
C'était une faute grave dans un milieu où tout se passe de manière feutrée, avec de l'éducation et des bonnes manières.
Sur recommandation du G. Secrétaire, l'inamovible Frère White, le comte de Zetland, G.M., sanctionnera le Frère Tucker en le démettant de ses fonctions, le 18 août 1853. Cette décision importante sera diversement appréciée.
3) Evolution de la situation au milieu du siècle: création de la G.L. de la Marque .
En 1843 le duc de Sussex meurt. Le comte de Zetland lui succède. Dans un premier temps, il continue prudemment la politique antérieure de son prédécesseur en se montrant ni favorable ni hostile aux Side degrees. Il faut ajouter que dans ces premières années, le Frère White assure toujours le Secrétariat.
Cependant le personnel dirigeant de la G.L.U.A. commence à se renouveler. Le Frère Alston, président du "Board of General Purposes", le bureau des Affaires générales, se retire en 1853. White, lui-même, le suit en 1856 ainsi que le G. Archiviste, Dobie.
Mais l'évènement majeur de cette période qui apporte une évolution notable dans les rapports de la G.L.U.A. et les Side degrees est la création de la G.L. de la Marque le 23 juin 1856 ( 7).
En effet, la plupart des dirigeants de la G.L. de la Marque ont une position éminente au sein de la G.L.U.A. et sont ce qu'on appelle "seniors members of the Craft". Ceci dénote une tendance qui ne fera que s'amplifier.
Le premier G.M. de la Marque est Lord Leigh. Le Révérend George Raymond Portal qui sera aussi G.M. de la Marque est Passé Premier G. Surveillant de la province d'Oxon, Lord Methuen (1818-1891) est G.M. provincial du Wiltshire, Benjamin Kent est G.M. de l'Australie du Sud et John Hervey est, en 1854, Premier G. Diacre et bientôt G. Secrétaire de la G.L.U.A.
Tout ceci conduit la G.L.U.A. à adopter une attitude extrêmement prudente vis-à-vis des Side degrees, ne voulant vexer personne ni réfréner la pratique de ces grades.
De son côté, la G.L. de la Marque va se développer et accueillir d'autres Side degrees qui n'ont pas assez de moyens pour s'organiser et s'administrer eux-mêmes.
4) De 1856 à 1874
A partir de cette date, un certain nombre de Frères, jouant un très grand rôle dans la G.L.U.A. et dans la société civile, pratiquent activement les Side degrees.
Le plus connu d'entre eux est sans conteste Lord Carnarvon (1831-1890), ministre du cabinet Disraeli en 1874. Initié à la "Wetsminster and Keystone Lodge", il sera député G.M. de la G.L.U.A, député G.M. de la G.L. de la Marque et succédera à Lord Leigh comme G.M. de la G.L. de la Marque. Membre de nombreuses organisations de Side degrees, il est Passé G. Sénéchal des K.T., Second G. Principal de l'Arc Royal etc.
Parmi d'autres Frères, membres de différents gouvernements comme ministre ou secrétaire d'Etat, on remarque Lord Skelmersdale (1837-1898).
Tous ces Frères appartiennent bien sûr à la haute aristocratie et sont dans l'entourage du Prince de Galles, G.M. à partir de 1874. Celui-ci fut initié à Stockholm au sein du système suédois qui est un rite chrétien.
A côté de ces éminents Frères, il faut noter la présence de Frères sans doute moins en vue dans la société mais tout aussi actifs dans le développement et la pratique des Side degrees.
Robert Wentworth Little, employé au secrétariat de la G.L.U.A., avait "réveillé" "l'Ordre Maçonnique et Militaire de la Croix Rouge de Constantin", une organisation pratiquant le grade de "Chevalier Compagnon de la Croix Rouge de Constantin". Il mourut en 1878, âgé de 38 ans seulement, membre de quatre-vingt-dix Loges ou chapitres sans compter ses propres créations comme la "Societas Rosicruciana in Anglia", société para-maçonnique réservée aux Maîtres Maçons, qu'il avait fondée en 1865.
Pourtant, malgré ce climat favorable, le débat concernant les Side degrees continue au sein de la G.L.U.A.
En 1871, à l'occasion d'une communication lors d'une réunion de la G.L., un Frère pose la question de savoir si la G.L.U.A. reconnaissait le rite de Misraïm et ses 90 grades, le rite de Memphis, l'Ordre de Rome et de Constantin et si elle croyait que l'appartenance d'un Frère employé au bureau du Grand Secrétariat était compatible avec l'appartenance à de telles organisations jusqu'à en prendre personnellement la direction.
L'attaque était évidente et si la G.L. finira par écarter Robert Wentworth Little car elle le jugeait un peu trop encombrant, en le nommant secrétaire d'une institution charitable consacrée aux jeunes enfants, l'affaire n'eut pourtant pas vraiment de suite. Est-il besoin de préciser que le G. Secrétaire lui-même, le Frère Hervey, était membre des K.T., du R.E.A.A., de la Marque et de "la Croix Rouge de Constantin" ?
A l'opposé de nombreux Frères défendent les Side degrees lors de ces réunions.
Le Frère Hutton Gregory pense qu'il ne faut pas attaquer ces organisations car les dignitaires de la G.L.U.A. qui occupent une très haute place dans le Métier et qui font montre de leur qualités et de leur amour de la Maçonnerie seraient dans une position intenable si la G.L. venait à interdire la pratique des Side degrees.
Le Frère Israël Abrahams déclare qu' il n'est pas K.T. et qu'il ne peut pas le devenir (étant de confession israélite) mais qu'il a l'honneur d'être Maître Maçon de la Marque et Passé G. Stewart de la G.L. de la Marque, et qu'il croit (tout en ne pouvant lui-même accéder aux grades chevaleresques qui exigent d'être chrétien) que c'est un devoir, même si l'on n'est pas membre de ces organisations de s'élever contre d'éventuelles condamnations des dites organisations .
En 1872, la G.L.U.A. s'en tiendra au statu quo vis-à-vis des Side degrees laissant chacun libre de faire ce qu'il entend pourvu que la bienséance et la discrétion soient de mise.
Ainsi, au fur et à mesure que l'on avance dans le siècle, le nombre de dignitaires de la G.L.U.A. pratiquant les Side degrees s'accroît considérablement.
En témoigne la création d'une Loge en juin 1872, par des Frères tous membres du Suprême Conseil. Cette Loge se voulait un organe de liaison entre la G.L.U.A. et le R.E.A.A. Parmi les membres fondateurs, il y a les Frères:
- Bramston Beach, G.M. provincial du Hampshire, G. Commandeur provincial des K.T. et P.G.M. de la Marque,
- Shadwell Clerke, Prieur provincial des K.T., G. Secrétaire de la G.L. de la province du Sussex,
- Patrick Colquhoun, G. Chancelier des K.T.,
- John Hervey, G. Secrétaire de la G.L.U.A., G. Porte Etendard du G. Prieuré des K.T., Chevalier Kadosh (30è grade du R.E.A.A.),
- C. Hutton Gregory, P. Second G. Diacre de la G.L.U.A.,
- le Revd John Huyshe, P.G.M. provincial du Devon, 3è G. Principal de l'Arc Royal, Député G.M. des K.T.,
- Lord Leigh, G.M. provincial du Warwickshire, Passé G.M. de la Marque,
- le comte de Limerick, G.M. provincial de Bristol, G. Prieur des K.T., Député G.M. de la Marque,
- Lord Skelmersdale, G.M. provincial du West Lancashire, G. Sénéchal des K.T.
5) De 1874 à 1901 .
En 1874, Lord Carnarvon installe le prince de Galles comme G.M. de la G.L.U.A. Pour faire bonne mesure, le prince est également G.M. des K.T. et G. Protecteur du R.E.A.A. et sera, en 1886, G.M. de la Marque.
Les relations entre la G.L.U.A. et les Side degrees se sont donc considérablement améliorées.
En 1896, le Suprême Conseil du R.E.A.A. compte parmi ses membres: le comte de Lathom, Souverain G. Commandeur, Pro G.M. de la G.L.U.A., deux G.M. provinciaux , le président du bureau des affaires générales de la G.L.U.A., le président du bureau de bienfaisance de la G.L.U.A., un Passé G. Chapelain, deux Passés G. Diacres et le Passé Assistant du G.M. des Cérémonies de la G.L.U.A..
Désormais, il règne un bon climat qui est illustré par l'épisode suivant.
En 1887, le F. Issacher Zacharie avait reçu le pouvoir de former un G. Conseil anglais de l'ordre du "Secret Monitor" ( 8). Les Frères Shadwell Clerke (déjà cité), Charles Fitzgerald Matier, G. Secrétaire de la Marque, et Judge Frederick A. Philbrick, G. Archiviste de la G.L.U.A et G. Chancelier des K.T. en deviennent membres. Or cette organisation eut un problème avec une autre organisation de Side degrees, "The Order of Allied Masonic Degrees" ( 9). Ces deux organisations voulaient pratiquer le même grade et, pour arbitrer leur différend, s'adressent à Lord Lathom, pro G.M. de la G.L.U.A. (également Souverain G. Commandeur du Suprême Conseil). Celui-ci désigne alors John Strachan, G. Secrétaire de la G.L.U.A. qui prend une décision acceptée par le comte Euston et le comte de Warwick, responsables de ces deux organisations en 1898.
6) Conclusion
La définition de "la pure et ancienne Maçonnerie" répondait en fait à des besoins de réorganisation de la Maçonnerie anglaise. Le duc de Sussex a voulu assurer l'installation et la prédominance de la nouvelle G.L. et il y a réussi. A la tête de toutes les organisations de Side degrees de l'époque, il empêcha leur développement. Seul "l'Arc Royal" y échappa parce qu'il fut imposé par les "Anciens" lors de l'union (mais il fut également déchristianisé en 1835). La primauté de la G.L.U.A. étant établie, les Side degrees reprendront leur vitalité après la mort du duc de Sussex et le Suprême Conseil apparaît en 1846.
La continuation de la pratique des Side degrees peut alors s'expliquer par divers facteurs.
Elle marque une réaction d'opposition à la déchristianisation du Métier née de l'union de 1813. C'était d'ailleurs l'opinion du Frère Crucefix et du Dr George Oliver.
Elle fut aussi une opposition pure et simple à l'autoritarisme du duc de Sussex et du G. Secrétaire William H. White.
La pratique de ces grades fut également favorisée par l'implication de personnalités qui occupaient une place éminente dans la société anglaise, dans la G.L.U.A. et jouaient un rôle politique important. L'acharnement de quelques Frères pour la défense des Side degrees ne fut d'ailleurs jamais réellement sanctionné par la G.L.U.A..
Ceci montre qu'il y eut une interpénétration entre la G.L.U.A et les Side degrees ainsi qu'une sorte de solidarité entre ces grades.
Aujourd'hui encore ces Side degrees vivent en bonne harmonie. La G.L. de la Marque (qui est le plus important de tous les Side degrees puisqu'elle rassemble environ 60 000 Maçons et possède un magnifique hôtel particulier au 86 St James Street à Londres) héberge toujours nombre d'organisations. D'ailleurs, statutairement, le G. Secrétaire de la G.L de la Marque est G. Vice-Chancelier du G.P. des K.T. et occupe les plus hautes fonctions à la tête des secrétariats de presque tous les Side degrees ( 10).
De nos jours, un Frère peut recevoir quelques 125 grades dont 60 donnent lieu à une cérémonie en due forme.
Par comparaison, l'évolution de la situation en France marque une troisième étape des relations entre ces grades.
Au XIXe siècle on a continué à pratiquer tout à fait normalement les Hauts grades. Ceux-ci étaient gérés par le G.O.D.F. par l'intermédiaire du G. Collège des Rites à l'exception du R.E.A.A. géré par un Suprême Conseil.
C'est à la fin du siècle que la Franc-Maçonnerie Française subit une transformation radicale. Des raisons idéologiques et politiques introduisent les notions de laïcité et de Maçonnerie "progressiste". Les Hauts grades deviennent alors synonymes d'aristocratie tout à fait contraires à cet esprit démocratique. D'ailleurs en 1880, la G.L. Symbolique Ecossaise, fondée cette année là, affirme que la vraie Maçonnerie réside dans les trois premiers grades à l'exclusion de tous les autres.
Ce discours d'un type nouveau connaîtra un certain succès et persiste encore aujourd'hui dans la tradition maçonnique française où cette frontière psychologique quasi infranchissable entre les grades bleus et les Hauts grades est chose courante.
Mais là aussi, on constate que ce ne sont pas des raisons tenant à la nature maçonnique des Hauts grades qui ont prévalu. Ce sont des raisons, non plus de réorganisation de la Maçonnerie comme en Angleterre, mais des raisons politiques et idéologiques.
1) On pratiquait plusieurs dizaines de grades à cette époque.
2) Par exemple, à la question d'un Frère de province, peu au fait de la querelle des "Modernes" et des "Anciens", qui lui demandait le moyen d'entrer en contact avec d'autres Frères qui pratiquent "l'Arc Royal" à Londres, le G. Secrétaire de la G.L. de Londres répond qu'il ignore tout de ce grade que le G.L. des "Modernes" ne reconnaît d'ailleurs pas. Or celui-ci venait précisément d'être reçu à "l'Arc Royal" quelque temps auparavant mais, ès qualité de G. Secrétaire, il ne pouvait que l'ignorer.
3) Ces trois grades qui en sont quatre doivent nous garder d'un esprit trop cartésien !
4) Oncle de la reine Victoria, le duc de Sussex a joué un grand rôle dans la vie publique. Il a été à l'origine de nombreuses associations de bienfaisance extérieures à la Maçonnerie et milita très ardemment en faveur de l'intégration des juifs dans la société anglaise. Il fut le premier membre de la famille royale à être admis dans une synagogue à Londres. Il avait appris l'hébreu et était membre d'honneur de plusieurs sociétés de bienfaisance israélites anglaises.
5) Pratiqué au moins depuis le dernier tiers du XVIIIe siècle, la première mention documentaire le situe à Boston dans le Massachusetts en 1769 à la St Andrew Royal Arch Lodge puis à Portsmouth en Angleterre au chapitre de l'Amitié le 21 octobre 1778, le grade de Knight Templar avait été le premier à s'être organisé en corps constitué. En 1791, sous l'impulsion de Thomas Dunckerley, était créé le G. Conclave de K.T.. Ce grade avait la faveur tant des "Modernes" que des "Anciens" (bien qu'on ne trouve aucune référence aux Side degrees dans Ahiman Rezon ) et il était très simplement pratiqué en Loge. Dans une correspondance de 1810, le G. Secrétaire de la G.L. des "Anciens" écrit que pour pratiquer le grade de K.T., la patente de la loge suffit, à l'exclusion de toute autorisation particulière à ce grade.
6) Ce Frère était déjà G. Secrétaire de la G.L. de Londres en 1810. Sur instruction du duc de Sussex, il deviendra G. Chancelier des K.T. et plus tard, à la fin de sa vie, en 1855, il sera reçu au sein de l'Ordre de la Croix Rouge de Constantin par Robert Wentworth Little. Ceci fut-il le signe d'une évolution personnelle en direction des hauts grades ou bien encore une simple opération tactique ?
7) Le grade de Maître Maçon de la Marque avait failli être adopté par la G.L.U.A.. Il y avait eu un rapport favorable lors d'une séance de travail mais ce ne fut pas confirmé trois mois plus tard. Il n'est pas interdit de penser que certains Frères préféraient ne pas voir ce grade absorbé par la G.L..
8) Cette organisation née aux Etats-Unis existe toujours et pratique 3 grades.
9) L'Ordre des grades Maçonniques Alliés pratique 5 grades.
10) Le G. Secrétaire de la Marque est, par exemple, G. Secrétaire de "l'Ordre de la Croix Rouge de Constantin", des "Royal and Select Masters", du "Secret Monitor", de l'Ordre des "Allied Masonic Degrees" et de la G.L. Provinciale de Londres du "Royal Order of Scotland".
2ème Partie:
Les Knights Templar
(les Chevaliers Templiers)
The Great Priory of The United Religious, Military and Masonic Orders of The Temple and of St. John of Jerusalem, Palestine, Rhodes and Malta of England and Wales and its Provinces Overseas édite annuellement son Liber Ordinis Templi qui nous permet de dresser un tableau de cet Ordre.
1) Aperçus historiques.
Contrairement à ce qui c'est passé en France où dès leur apparition les grades templiers, Grand Inspecteur Grand Elu, première version du grade de Chevalier Kadosh, ont suscité une vive polémique et déclenché de très fortes oppositions à cause de leur caractère de vengeance, le relèvement, en Angleterre, d'un grade dirigé contre le Pape et le roi de France n'a posé aucun problème de conscience.
La plus ancienne mention écrite connue du grade de Knight Templar , en date du 28 août 1769, se trouve dans un registre de Loge à Boston (Massachussets) au sein d'un chapitre de l'Arc Royal, le St. Andrew Chapter of Royal Arch Mason qui tenait une réunion commune avec une loge américaine qui, elle, avait reçu une patente de la G.L. d'Ecosse. En Angleterre, on trouve trace de ce grade à Portsmouth le 21 octobre 1778.
On pouvait recevoir ce grade de plusieurs façons: soit dans un Encampment (un campement) lié ou non à une loge soit, comme le veut toute la tradition du XVIIIè siècle, directement dans une loge. La césure entre la loge "bleue" et les Hauts grades était inconnue à cette époque et la Maçonnerie était constituée de tous les grades connus.
En témoigne, ce certificat décerné à un Frère en 1789 ainsi libellé: Au nom de la Sainte Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit (...), Nous, Grands Maîtres Magnanimes et Invincibles de la Loge des Chevaliers Templiers, Tenue sous la Patente de la Loge n° 336 du registre de la G.L. d'Irlande (...). On voit ici qu'il s'agit donc bien d'une loge qui se réunissait au grade de K.T. en vertu du patente délivrée par la G.L. d'Irlande.
En juin 1791, sous l'impulsion de Thomas Dunckerley, éminent Maçon, est fondé le Grand et Royal Conclave des Chevaliers Templiers destiné à organiser le foisonnement de grades pratiqués au sein des K.T. Ce Grand Conclave s'appellera par la suite Grand Prieuré et contrôlera non seulement le grade de K.T. mais aussi celui de Knight of Malta .
De 1872 à 1896, les K.T. anglais s'unissent à leurs homologues irlandais pour former un seul organisme: le Grand Convent Général. Les cérémonies furent réformées et c'est de cette époque que datent les décors et rituels de K.T. pratiqués aujourd'hui. Les grades de Knight of the Sword (Chevalier de l'Epée), Knight of the East (Chevalier d'Orient) et Knight of the East and the West (Chevaliers d'Orient et d'Occident) furent abandonnés. En Angleterre, ils n'ont subsisté qu'à Bristol où ils forment un rite particulier mais ont disparu dans tous le reste du pays. En Irlande, ils passèrent sous le contrôle d'un autre organisme, le Grand Council of Knight Mason of Ireland. Aux Etats-Unis, ils sont toujours pratiqués.
2) Organisation administrative.
Répandu dans le monde entier, l'Ordre est divisé en Grand Prieuré, provinces et preceptories (ou commanderies).
Pour s'en tenir principalement à celui d'Angleterre, on notera parmi les provinces celle de Bristol qui est la première. Bristol, on l'a dit, est le siège d'un rite en 7 grades qui, à la suite de divers accords, regroupent à la fois les grades de K.T. et ceux issus du Rite Ancien et Accepté. C'est ainsi que le rite se termine par le grade de rose-croix. Facteur d'unification, le G. Super Intendant du rite de Bristol est également G.Prieur Provincial des K.T. d'Angleterre ainsi qu'Intendant Général du district de Bristol du Rite Ancien et Accepté.
Quant aux preceptories , on relèvera celles dites de "temps immémorial", c'est-à-dire antérieures à l'organisation administrative du grade. Il s'agit de Abbey Chapter à Nottingham (Nottinghamshire/Keystone province), Antient York Conclave of Redemption à Hull (North and East Yorkshire), Baldwyn à Bristol (Bristol), Mount Calvary, Duke Street, St-James's (London) et Union or Rougemont à Exeter (Devonshire and Cornwall). Vient ensuite avec le n°1 Antiquity à Bath (Somerset).
3) Les membres.
Comme dans la plupart des Side degrees , il faut obligatoirement être Maçon de l'Arc Royal et faire profession de foi chrétienne publiquement pour appartenir à l'Ordre. On estime les effectifs entre 12 et 14 000 personnes.
L'Ordre pratique une installation secrète et décerne ses propres récompenses. Ce sont les dignités de Knight Commander et Knight Grand Cross . Parmi ces derniers, se trouvent bien évidemment l'actuel Eminent Grand Maître, Harold Devereux Still, G.M. depuis le 19 mai 1976 et Souverain G. Commandeur du Suprême Conseil du Rite Ancien et Accepté d'Angleterre ainsi que le Très Honorable Lord Swansea, Grand Sénéchal et Député G. Maître de la G.L. des Maîtres Maçons de la Marque.
Le personnel dirigeant est composé essentiellement de militaires ou d'ecclésiastiques d'un niveau social plutôt élevé. Voici quelques exemples de Frères tous Passé G. Officiers:
le révérend James Hugh Arbuckle, le colonel Arthur Axford, le major Benjamin Ernest Lawrence Baddock, le Très Honorable Edward Latham Baillieu, le capitaine Thomas Henry Barlow, le révérend Arthur William Stawell Brown, le colonel Iain Ross Bryce, député G.M. de la G.L.U.A., l'archidiacre Douglas Harry Burton, le Royal Navy Commander (capitaine de vaisseau) Ronald Albert Champion, le révérend Neville Barker Cryer, Passé Grand Chapelain des Q.C. , le colonel Geoffroy Seymour Hamilton Dicker, le Wing Commander (lieutenant-colonel de la Royal Air Force ) Roy Henry Ian Dosseter, le Brigadier general (général de brigade) Claude Cyrill Fairweather, le major général Rudolph George Edward Green, le R.N.Commander Michael Bernard Shepley Higham, G. Secrétaire de la G.L.U.A., le médecin général Gerard Irvine, le Brigadier general Robin Jullian McGarel-Groves, Sir Stephen James Hamilton Miller, l'aumonier général, le révérend Robert Harold Nesham, le médecin major Robert Nicoll Robson, le lieutenant-colonel Frederick William Seal-Coon, P.M. des Q.C. , le Très Honorable comte de Shannon, le major Frederick Henry Smyth, ce militaire à la retraite a été initié dans une loge de l'armée britannique au Pendjab en 1943, il est P.M. des Q.C . et l'auteur de l'ouvrage Brethren in chivalry publié à l'occasion du bicentenaire du G. Prieuré des K.T. en 1991 et Sir James Wilfrid Stubbs, Passé G. Secrétaire de la G.L.U.A.
3ème Partie:
The Masonic and Military Order of the Red Cross of Constantine
and the Order of the Holy Sepulchre and of St John the Evangelist
(l'Ordre de la Croix rouge de Constantin).
1) Aperçus historiques.
Les origines de cet Ordre sont mal connues. Pratiqué sous différentes formes Red Cross of Constantine ou Red Cross of Babylone ou Red Cross of Palestine etc. , en loges ou en chapitres, le grade de la Croix Rouge de Constantin apparaît dans les années 1790.
Mais l'organisme recteur de cet Ordre, le Grand Conclave Impérial, est créé en 1865 sous l'impulsion d'un Frère très actif, Robert Wentworth Little, membre du secrétariat de la G.L.U.A. (avant d'en être écarté) et de la plupart des Side degrees sans compter ses propres organisations.
Le Grand Conclave pratique 3 grades.
a) Chevalier Compagnon de la Croix Rouge de Constantin. Ce grade a pour fondement la fameuse légende de la vision qu'aurait eu l'empereur Constantin avant la bataille qu'il a livré à Maxence, un de ces rivaux, en 312, vision d'une croix lumineuse dans le ciel entourée de ces mots In hoc signo vinces (Par ce signe tu vaincras). Le Christ lui aurait ordonné de se faire un étendard à cette image, le labarum .
Les deux grades suivants sont pratiqués dans ce qu'on appelle, The appendant Orders .
b) Chevalier du Saint Sépulcre. Il s'agit de la légende selon laquelle la mère de l'empereur Constantin, Hélène, aurait découvert la vraie Croix, à l'occasion d'un voyage à Jérusalem où elle aurait entrepris des fouilles sur le Calvaire.
c) Chevalier de Saint Jean l'Evangéliste. Ce grade donne une interprétation chrétienne et trinitaire du grade de Maître et de celui de l'Arc Royal.
2) Organisation.
Le Grand Conclave est dirigé par un G. Souverain, le révérend chanoine Richard Tydeman. Son élection, ou plutôt sa réélection constante depuis 198O, est annuelle. Elle a lieu sur proposition du Grand Viceroy et est secondée par le Grand Senior General . Elle est ainsi proclamée par le Grand Hérault:
Be it known that RICHARD TYDEMAN, a Chaplain in the Grand Priory of the Most Venerable Order of the Hospital of St. John of Jerusalem; Master of Arts of the University of Oxford; Clerk in Holy Orders; Canon Emeritus of St. Edmundsbury Cathedral; Holder of the Grand Master's Order of Service to Masonry, and Past Junior Grand Warden in the United Fraternity of Ancient, Free and Accepted Masons of England; Past Grand Superintendent in and over the Province of Suffolk in the Supreme Grand Chapter of Royal Arch Masons of England; Past Grand Senior Warden in the Grand Lodge of Mark Master Masons of England and Wales and its Districts and Lodges Overseas, and holder of Royal Ark Mariner Grand Rank; Knight Commander of the United Orders and Past Great Sub-Prior of Malta in the Great Priory of the United Religious, Military and Masonic Orders of the Temple, and of St. John of Jerusalem, Palestine, Rhodes and Malta of England and Wales and its Provinces Overseas; Sovereign Grand Inspector General 33° of the Ancient and Accepted Rite for England and Wales and its Districts and Chapters Overseas; Past Grand Principal Conductor of the Work in the Grand Council of the Order of Royal and Select Masters of England and Wales and its Districts and Councils Overseas; Past Grand Senior Warden in the Grand Council of the Order of the Allied Masonic Degrees of England and Wales and Territories Overseas; Grand Chaplain in the Grand Conclave of the Order of the Secret Monitor, or Brotherhood of David and Jonathan, in the British Isles and in Territories Overseas; Past Grand Fifth Pillar in the Grand College of Holy Royal Arch Knight Templar Priests of Great Britain and its Tabernacles Overseas; Past Provincial Grand Senior Warden in the Provincial Grand Lodge of London and the Metropolitain Counties in the Royal Order of Scotland; Knight Grand Cross of the Order of Constantine; etc., etc., etc., has been elected and enthroned as Most Illustrious Grand Sovereign of the Grand Imperial Conclave for England, Wales and Territories Overseas of the Masonic and Military Order of the Red Cross of Constantine, and Patriarch and Grand Commander of the Orders of the Holy Sepulchre and of St. John the Evangelist; whom may the Holy and Indivisible Three-in-One long preserve.
Le Grand Souverain répond et nomme ses Grands Officiers qui ont un cursus du même ordre. Cela se passe de traduction et de commentaires ...
Le Grand Conclave regroupe 8000 membres environ. La possession du grade de l'Arc Royal et la profession de foi chrétienne sont également d'obligation pour appartenir à l'Ordre. On y retrouve un grand nombre de Frères déjà cités à commencer par l'inamovible Grand Secrétaire Peter Glyn Williams.
Le Grand Conclave est structuré en conclaves. Un conclave est dirigé par un Souverain qui représente l'empereur Constantin assisté d'un vice-roi représentant l'Evêque Eusèbe de Césarée. L'accès à ces deux fonctions est conditionné par deux installations secrètes, celle de vice-roi d'abord et l'année suivante celle de Souverain.
4ème Partie:
The order of the secret monitor or Brotherhood
of David and Jonathan in the British Isles and in Territories Overseas.
(L'Ordre du Moniteur Secret)
1) Histoire, grades et rituels .
D'origine américaine, cet ordre a été introduit en Angleterre relativement récemment, dans les années 1875/1880, par le Dr. I. Zacharie. Il faut reconnaître que nous n'en savons guère plus.
Pour être membre de l'ordre, il faut posséder le grade de Maître Maçon mais il n'est pas nécessaire d'être de confession chrétienne.
Trois grades sont pratiqués en Grande-Bretagne:
1. Secret Monitor
2. Prince
3. Supreme Ruler .
Enfin, comme dans toutes les organisations de Side degrees , il y a une installation secrète.
Les rituels des deux premiers grades reposent exclusivement sur le Premier livre de Samuel. Le grade de Secret Monitor s'appuie sur le chapitre 20 avec le thème de l'amitié et de la fraternité de David et Jonathan. Quant au grade de Prince , il s'inspire du chapitre 24 où l'on voit David épargner Saül.
Toutes les lectures pratiquées dans ces conclaves sont donc extraites de ce 1er livre de Samuel et on n'y trouve aucune allusion à la construction du Temple de Salomon ni à celle du 2ème Temple.
Cet Ordre est caractéristique de la manière dont les Anglais conçoivent la Maçonnerie. Les grades sont construits autour d'épisodes bibliques. Celui de l'amitié biblique de David et Jonathan est relativement mineur et le contenu des grades s'en ressent. L'Ordre entier est conçu comme une sorte d'organisation rituelle de l'Amitié. D'ailleurs, on notera la présence non pas de 2 mais de 4 diacres ( Visiting Deacons ) dont le rôle effectif est de rendre visite aux Frères dans le besoin, soulignant ainsi les notions d'entraide, d'amitié et de proximité fondées sur la Bible. Comme dans tous le grades de la Maçonnerie anglo-saxonne, la divinité reçoit un nom spécifique: Almighty Friend of All Friends.
Ce recours aux Ecritures s'explique facilement si l'on se souvient que les Anglo-saxons, en majorité Protestants, avaient une pratique quotidienne et familière de la lecture de la Bible.
2) Organisation administrative
Aux Etats-Unis, l'ordre est intégré à un autre organisme que l'on appelle The Allied Masonic Degrees .
En Grande-Bretagne, l'ordre est organisé en conclaves (l'équivalent des loges). Il rassemble 8000 à 8500 membres environ et s'étend aussi bien en Angleterre que dans les anciennes colonies britanniques et territoires d'Outre-mer. Il n'est pas installé en France.
L'appareil dirigeant est évidemment constitué de Frères que nous connaissons bien maintenant pour les avoir déjà rencontrés dans d'autres Side degrees .
Rappelons enfin une difficulté récente à laquelle ont été confrontés les responsables de l'ordre. Il se trouve en effet qu'une société d'homosexuels, principalement américaine, s'appelle justement David et Jonathan . Il s'agit dont pour l'ordre du Moniteur Secret de se démarquer de cette organisation. Il est indéniable que dans ces conditions, cet ordre a plus de mal à faire comprendre ce qu'il est réellement.
5ème Partie:
The Grand Council of Royal and Select Masters of England and Wales and its Districts and Councils Overseas.
1) Historique et organisation des grades .
D'origine américaine également, cette organisation exista d'abord sous forme de conseil (autre équivalent des Loges). Sous l'impulsion du Grand Conseil de New York, l'organisation se fédéra en Grands Conseils et se répandit dans l'ensemble du pays. Aujourd'hui, il y a un Grand Conseil dans chaque Etat.
C'est dans les années 1870, à l'initiative d'un Frère Américain, Jackson H. Chase, et de Frères de la G.L. des Maîtres Maçons de la Marque d'Angleterre qui ont joué un rôle dans le réveil et le développement des Side degrees , que cette organisation apparaît en Angleterre.
Le premier Grand Conseil d'Angleterre rassemblait des Frères tels que Shadwell H. Clerke, Knight Templar , G. Secrétaire de la G.L.U.A. de 1880 1891, Charles Fitzgeral Matier, G. Secrétaire de la Marque de 1889 à 1914 et l'inévitable Robert Wenworth Little, omniprésent.
La série de grades est la suivante:
1. Most Excellent Master
2. Royal Master
3. Select Master
4. Super Excellent Master .
Cet ensemble de grades est appelé Cryptic Rite par référence à un caveau dans lequel se déroulent deux de ces grades.
Aux Etats-Unis, ils sont pratiqués dans un Grand Conseil et contribuent à former le rite d'York. Ils s'inscrivent dans un ensemble comprenant la Maçonnerie de la Marque et l'Arc Royal.
En Ecosse, par contre, il faut posséder les grades de Maître Maçon de la Marque, d'Excellent Maître (passage des voiles) et de l'Arc Royal -ceux-ci formant un ensemble- pour postuler aux Royal and Select Masters .
En Grande-Bretagne, enfin, il faut être titulaire des grades de Maître Maçon de la Marque et de l'Arc Royal, bien que ces deux grades soient indépendants, pour accéder aux Royal and Select Masters .
C'est ce système qui a été adopté par la G.L. d'Irlande. Il a aussi été importé en France notamment à Toulouse depuis 1988 avec le Conseil Occitania Columbian n°154 , à Rouen (Conseil Duquesne n°166 , 1990) et à Wimereux (Pas-de-Calais), Conseil Flandres n°177 (1992).
Si l'on se rapporte à la chronologie inférée des Ecritures, l'ordre des grades serait le suivant:
- Maître Maçon de la Marque : 974-967 avant Jésus-Christ - Préparation des matériaux et construction du Temple.
- Select Master : 969-968 - Construction d'un caveau secret où se déroule le grade: un maître travaillant sous la direction du roi Salomon pénètre accidentellement dans la crypte alors que les 3 Grands Maîtres tiennent séance.
- Royal Master : 968 - Dépôt dans la crypte du Mot perdu après la mort d'Hiram.
- Most Excellent Master : 967 - Achèvement et dédicace du Temple.
- Super Excellent Master : 586 - Siège de Jérusalem par Nabuchodonosor, destruction du Temple et perte du Mot. Le candidat est censé être reçu pendant le siège de la ville.
- Excellent Master : 536 - Reconstruction du Temple.
- Arc Royal : 534 - Découverte du Mot.
On remarquera que tous ces grades sont bâtis exclusivement à partir de textes vétéro-testamentaires.
Un conseil est dirigé par 3 personnes: le Thrice Illustrious Master (l'équivalent du Vénérable Maître) représentant le roi Salomon assisté d'un Deputy Master , Hiram, roi de Tyr et d'un Principal Conductor of the Work , Hiram-Abif. Ils portent les vêtements de l'Arc Royal avec les décors des Royal and Select Masters , c'est-à-dire un tablier cramoisi triangulaire, pointe en bas avec la médaille du Conseil, triangle pointe en bas.
2) Organisation administrative .
L'Ordre rassemble environ 3200 Frères. Il est dirigé par le Grand Maître, le Très Illustre Compagnon Thomas Were Howard. Selon la proclamation de son élection, nous apprenons que celui-ci est, entre autres, officier de l'Empire Britannique, Master of Arts de l'Université de Cambridge, G.M. des cérémonies du Suprême chapitre de l'Arc Royal d'Angleterre, Assistant Passé G.M. de la G.L. de la Marque d'Angleterre, Chevalier Grand Croix de l'Ordre du Temple, Chevalier Kadosh ou Chevalier de l'Aigle blanc et noir (30è grade du R.E.A.A.), Chevalier Commandeur de l'Ordre de la Croix Rouge de Constantin, Passé Grand Chancelier du Secret Monitor etc., etc., etc.
Comme à l'accoutumée, les curriculum vitae du Député Grand Maître et du Grand Principal Conductor of Work , sont de la même veine.
Quant à l'état major de cette organisation, il est composé des Frères déjà vus précédemment.
Il ne faut pas s'étonner de voir des distinctions civiles ou militaires à côté des distinctions maçonniques. Dans l'esprit britannique, les unes et les autres sont d'égale importance. Ne rappelle-t-on pas au candidat, lors de son initiation, que le tablier d'apprenti est aussi respectable, sinon plus, que l'Ordre de la Jarretière ou de la Toison d'or? De même, les officiers de la G.L.U.A. ont un tablier garter blue , c'est-à-dire le bleu de l'Ordre de la Jarretière. C'est dire que la Maçonnerie est mise sur un pied d'égalité avec d'autres organisations traditionnelles et qu'elle est parfaitement intégrée dans l'ordre des dignités sociales. D'ailleurs, en Angleterre, la Maçonnerie est surtout une affaire d'engagement moral.
L'intégration de la Maçonnerie dans la société britannique, même si la G.L.U.A. connaît des difficultés ces dernières années, s'explique en grande partie par le fait que, de toutes les sociétés modernes, la société anglaise est l'une des dernières à être encore fondée sur des valeurs traditionnelles qui gouvernent toujours aujourd'hui un certain nombre de mécanismes sociaux. Nombre d'actes de la vie sociale restent ritualisés, des symboles sociaux subsistent et s'insèrent dans une tradition, un engagement moral, presque religieux, alors qu'ils ont pratiquement disparu dans le reste de l'Europe occidentale.
Mais inversement, à mesure que la société britannique s'ouvre à la modernité, les structures traditionnelles sont remises en cause et, petit à petit, une distance s'instaure entre la Maçonnerie et la société.
6ème Partie:
The Order of the Allied Masonic Degrees
(Les grades maçonniques alliés, A.M.D.)
Avec les Allied Masonic Degrees nous nous approchons de cette sorte de Side-degrees anglo-saxons que l'on qualifie de fringe masonry car les effectifs sont plus modestes. Les A.M.D. regroupent tout de même 3200 frères (soit 1% des Maçons anglais environ) selon le Year Book 1993-1994.
Cette organisation voit le jour en Angleterre en 1879. Les frères fondateurs sont tous membres de la G.L. des Maîtres Maçons de la Marque, du Suprême Conseil ou du Grand Prieuré des Knights Templar . Le premier G.M. fut, en 1880, le Rvd George Raymond Portal, P.M. de la G.L. des Maîtres Maçons de la Marque. Son successeur fut le comte d'Euston, Lieutenant Grand Commandeur du Suprême Conseil d'Angleterre.
Au tout début, il y avait 7 grades puis il y en eut 6, la plupart étant pratiqués aux Etats-Unis avant d'être introduits en Angleterre. C'est ainsi que les A.M.D. contenaient à l'origine un des grades du Secret Monitor et celui de The Order of Holy Wisdom (Holy Royal Arch Knight Templar Priests) .
Aujourd'hui, comme hier, ce sont toujours les même frères dignitaires qui cumulent sur leurs têtes les principales fonctions. Dans les années 1920 ce fut le cas du Dr. Charles Warren Napier-Clavering, G.M. des AM.D., Supreme Ruler du Secret Monitor , Grand Hight Priest des Holy Royal Arch Knight Templar Priests . Ce cumul explique que les séparations qui ont eut lieu se firent dans la paix et l'harmonie. En 1923, c'est la constitution par les Knights Templar Priest d'un Grand collège à York, tandis que le Secret Monitor formait une organisation indépendante en 1938. Le G.M. actuel est Thimothy John Lewis. On retrouve bien évidemment Cyrill N. Batham, Neville B. Cryer, Frederick H. Smith, Keith B. Jackson, Richard Tydeman etc. La moyenne d'âge est assez élevée.
L'organisation administrative est calquée sur la G.L. des Maîtres Maçons de la Marque. Par exemple, il est précisé qu'en cas de problème il faudra se référer au règlement intérieur de la G.L. de la Marque. Il est structuré en divisions géographiques. En dehors de l'Angleterre, on trouve des Conseils en Afrique du Sud, en Australie, à Calcutta et à Bombay. Depuis 1993, il y a en France un Conseil des A.M.D., à Toulouse, le Occitania Metropolitan . En vérité ce conseil est surtout composé d'Anglais à l'image du Conseil des Select Masters de la même ville. L'Ordre décerne aussi une décoration: l' Allied Divisional Rank et l' Allied Overseas Rank .
Les A.M.D. sont aujourd'hui composés de 5 grades qui n'ont aucun rapport entre eux. Chaque grade possède une installation secrète.
Bien qu'il n'y ait aucune hiérarchie entre ces grades, le premier généralement reçu est celui de St-Lawrence the Martyr (Saint-Laurent le Martyr). C'est d'ailleurs à ce grade que se déroulent tous les travaux administratifs. Le rituel est très proche du rituel anglais Emulation. Pour être reçu, il faut être Maître Maçon de la Marque, mais il n'est pas nécessaire d'être chrétien.
Les autres grades sont Knight of Constantinople (Chevalier de Constantinople), Grand Tilers of Salomon (Grand Tuileur du roi Salomon), The Red Cross of Babylon (La Croix Rouge de Babylone) et The Holy Order of Grand Hight Priest (Le Saint Ordre de la Grande Prêtrise).
Ces grades ne sont pas reçus dans un ordre déterminé. Il s'agit bien d'une collection de grades qui se sont regroupés pour assurer une administration commune.
Les origines de ces grades restent mystérieuses.
Par exemple, on dit que le grade de Saint-Laurent le martyr aurait été pratiqué il y a deux siècles dans le Lancashire, mais ceci reste à prouver.
Le grade de chevalier de Constantinople a été pratiqué aux Etats-Unis dès 1831. Son origine demeure inconnue. Le Grand Tuileur de Salomon ressemble au grade de Select Master et au 6ème grade du R.E.A.A., Secrétaire Intime. La légende est le récit de l'intrusion d'un compagnon au sein d'un conseil présidé par le roi Salomon. Pour ce grade comme pour les trois suivants les travaux s'ouvrent dans un chapitre de l'Arc Royal.
La Croix rouge de Babylone ressemble aux 15è et 16è grades du R.E.A.A., Chevalier de l'Orient et Prince de Jérusalem. Ce grade est organisé en deux parties. La première commence dans un Royal Arch Council , avec les décors de l'Arc Royal, et conduit à la cour du roi de Perse au temps de Darius, non sans avoir vécu une cérémonie intermédiaire, Crossing the bridge . Ce grade est attesté dans un rite en 7 grades de Londres en 1790 et dans le rite en 7 grades de Bristol, The Baldwyn Rite , où on le retrouve avec les grades de Chevaliers de l'Orient, de l'Epée et de l'Aigle.
The Holy Order Of Grand Hight Priest est une extrapolation de l'Arc Royal. Jusqu'aux années 1940, il était réservé aux Passés Zorobabel.
Il semble que ces grades, d'un intérêt très limité et dont la portée symbolique et morale est plutôt faible, trouvent leurs sources premières dans des grades français. Il est fort possible qu'ils aient été remaniés aux Etats-Unis avant d'arriver en Angleterre à la fin du XIXè siècle. N'aurait-on pas alors à faire à des sortes d'ordres paramaçonniques imparfaits qui n'ont connu qu'une faible diffusion? En effet, on a parfois quelques difficultés à faire une différence entre certains de ces grades, très proches du théâtre et de la franche plaisanterie des Shriners . On n'y trouve plus aucune sève de créativité maçonnique et ils sont très éloignés de la première tradition maçonnique.
Nous sommes à la fin du XIXè siècle. La prodigieuse période de création de grades, à partir des années 1730, est bien loin. Dès 1760, les grandes familles de grades sont établies. Il est d'ailleurs possible de donner une vision raisonnée des hauts grades maçonnique du XVIIIè siècle en distinguant les thèmes fondamentaux. On pourrait aussi retrouver les grades primitifs dont ils sont issus et montrer ainsi leur cohérence, leur richesse et leur esprit originels. Au XIXè siècle, on ne fait plus guère que copier et altérer les grades. Il n'y a pas de contenu nouveau.
Ce type d'ordre est intéressant à étudier pour une phénoménologie de la maçonnerie anglaise. Ce sont des clubs où on recrute des personnes qui ont un certain parcours maçonnique. Y participer exige un réel investissement. Il y a un cursus à respecter, c'est-à-dire qu'il faut passer par les présidences des loges et des conseils. Si le système anglais permet une progression très rapide, il y a de véritables goulots d'étranglement, comme la chaire de Vénérable Maître, celle de Vénérable Maître de la Marque et l'échelon de Zorobabel (Arc Royal). Ceci explique aussi la nature de ces clubs, où la passion de la maçonnerie est de règle.
7ème Partie:
The Holy Royal Arch Knight Templar Priest
(Les Chevaliers Templiers Prêtres du Saint Arc Royal)
1) Historique
Ainsi que nous l'avons déjà vu pour d'autres grades, le grade de Knight Templar Priest était pratiqué dans diverses organisations, loges, chapitres de l'Arc Royal, conclaves, encampment , qui regroupaient souvent les mêmes frères. Cette pratique était courante en Irlande, dès 1760, où les maçons délivraient l'installation secrète, l'Arc Royal et le grade de Knight Templar (auquel ils donnaient à cette époque une très grande importance) dans leur loge. Au début du XIXè siècle encore, le grade de Knight Templar Priest était travaillé au sein de Chapitres de l'Arc Royal irlandais. Un certificat du mois d'août 1807 du Early Grand Encampment of Ireland (instance suprême de l'Ordre du Temple et de Malte - The Ordre of Temple and Malta - qui deviendra en 1837 The Ordre of Temple ) mentionne également ce grade. Il était aussi délivré dans un Grand Royal Arch Encampment , sorte d'organisation hybride composée d'éléments provenant de l'Arc Royal et de la tradition maçonico-templière.
Ce grade reçut une organisation administrative très tardivement, en 1895. Et ce n'est qu'en 1923 que le Grand Collège fut créé.
2) Organisation
Aujourd'hui, ce grade est administré par le Grand College of Great Britain and Tabernacles Overseas (le Grand Collège de Grande-Bretagne), dont le siège est à York. Outre ce Grand Collège, il en existe un autre, aux Etats-Unis d'Amérique, qui est indépendant.
Cette organisation regroupe 6000 membres environ dans le monde entier. En Grande-Bretagne, elle est dirigée par le Grand Hight Priest , le Très Illustre J. O. Place. Les principaux dignitaires, Grands Officiers du Grand Collège, nous sont déjà bien connus. Si l'inévitable Peter Glyn Williams n'est pas, pour une fois, Grand Secrétaire (il est tout de même Passé Grand IV° Pilier), on retrouve bien sûr C. Batham (P.G. VI° P.), N. B. Cryer (P.G. VII° P.), H. Devereux Still (P.G. VII° P.) etc. L'omniprésence de ces frères souligne que l'émiettement de toutes ces organisations de Side degrees est plus relatif qu'il n'y paraît. Le fait qu'elles aient une structure administrative commune leur donne, en réalité, une certaine force.
L'Ordre est divisé en districts. En Europe, on en trouve aux Pays-Bas et Allemagne mais pas en France.
3) Structure, rituel et pratique
Comme le Rite Ecossais Ancien et Accepté, les Knights Templar Priests revendiquent 33 grades, mais seul le 33° ( Holy Royal Arch Knight Templar Priest ) est réellement pratiqué. Parmi les grades antérieurs, notons le Chevalier de Palestine, le Chevalier d'Eleusis, le Chevalier de la Croix noire, le Chevalier de la Croix blanche, etc. Tous ces grades fleurent bon leur 19° siècle.
Les fondements spirituels du grade reposent sur deux passages des Ecritures, La sagesse a bâti sa maison, elle a taillé ses sept colonnes (Prov. 9, 1) et, Le vainqueur, j'en ferai une colonne dans le temple de mon Dieu, il n'en sortira jamais plus (Ap. 3, 12) 1. Ceci est attesté dès 1807 dans le certificat cité plus haut où l'on peut lire en exergue Wisdom has built her house; she has hewn her seven pillars 2 . The light that comes from Wisdom shall never go out.
C'est un Christian Order , c'est dire qu'il faut être chrétien pour postuler. Mais ce n'est pas la seule qualification exigée: il faut également être Maître Installé, Knight Templar et Compagnon de l'Arc Royal.
Dans un premier temps, le frère est reçu Chevalier templier au sein d'un Tabernacle (l'équivalent d'une Loge), Knight Templar Priest in our tabernacle and a pillar in the Temple of our God and he shall go no more out . Il y a sept officiers principaux dans ce tabernacle qui correspondent aux sept piliers de la Sagesse.
Dans un deuxième temps, le frère est reçu Premier Pilier et, à la faveur de cérémonies appropriées, peut atteindre le septième pilier. A ce stade ( seventh pillar ), il y a une installation secrète. On accède ainsi à la charge suprême, le Hight Priest qui dirige le Tabernacle.
Les décors sont les mêmes que ceux de Knight Templar , à cette différence près que la toque est remplacée par une mitre, celle du Hight Priest portant une croix à triple traverse.
Tous ces systèmes de grades tardifs ont, en Angleterre, des caractéristiques communes.
Premièrement, ils ne font preuve d'aucune véritable invention, au sens riche et vivant du terme. Les thèmes fondamentaux de ces systèmes sont empruntés à la plus ancienne tradition maçonnique britannique et plus spécifiquement irlandaise. On peut penser que la mise en ordre de ces systèmes, qui remontent tous peu ou prou à la fin du XIX° siècle, a été très fortement influencée par le séjour de ces grades aux Etats-Unis où ils ont subi l'influence du génie syncrétique américain.
Deuxièmement, ces systèmes ont tous une tonalité très nettement religieuse. C'est tout à fait caractéristique des grades d'origine britannique à tel point que ce pourrait être un indice quant à l'origine de certains grades. 3
Mais bien sûr, ceci ne doit pas nous faire oublier que, depuis 1813, l'exigence d'appartenance au christianisme a été abandonnée par la G.L.U.A. et c'est tout naturellement qu'elle a été reportée dans les Side degrees .
1 Traduction T.O.B.
2 Traduction Revised English Bible .
3 On en voit un exemple dans un grade curieux apparu en France vers 1760, le Parfait Maître Anglais. On ignore son origine exacte. Cependant on y trouve des mots anglais déformés mais reconnaissables et si ce grade pourrait être d'origine anglaise, ce n'est pas en raison de son nom (car on sait qu'au XVIII° siècle, le nom des grades ne permet pas de préjuger de leur contenu) mais parce que c'est un grade d'esprit, de couleur, de structure très profondément religieuse .